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Biographie > Klone Wars

Klone délivre un métal bien empaqueté, brut, direct, mais en gardant un goût non negligeable pour la mélodie, bien saturée cependant. Pas néo du tout, mais métal tendances old school, Klone est un mélange de hardcore, de métal, et pourquoi pas de black métal parfois, avec cette petite pointe de synthé qui agrémente parfois l'atmosphère et ses plans de guitares maléfiques. Les principales influences revendiquées par Klone sont Meshuggah, Coroner et Lofofora, mais l'on pourrait y trouver des pointes plus dures, et faire allusion à Concept of Elation, Inside Conflict ou God Forbid. Venant de Poitiers, Klone a notamment jouer avec des groupes comme Gojira, Eyeless ou Hertz and Silence.
En 2007, Klone c'est Yann (chanteur), Guillaume et Mika (guitaristes), Jean Etienne (bassiste), Florent (batteur) et Matthieu (saxophoniste et sampler), ils enregistrent All seeing eye avec Sylvain Biguet (Down To Earth, Parween, Hard Off Hearing, Mel Team Plugs, Leto, Feeding...) et le masterisent chez JP Bouquet (Masnada, Tripod, X-Vision, Monsieur Z, Nedgeva, Le Noyau Dur...), bref, du lourd qui sort internationalement en février 2008.

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Klone / Chronique LP > Meanwhile

Klone-Meanwhile Klone a atteint des sommets avec Le grand voyage mais, contrairement à Icare se rapprochant du soleil pour finalement chuter, le groupe a su garder ses distances pour ne pas se brûler les ailes et rester là-haut, au-dessus des nuages pour nous proposer ce Meanwhile...

Si le ciel est menaçant (encore un artwork sublime), le chant de Yann et les guitares amènent de la sérénité, les notes sont claires, étincelantes, "Within reach" peut bien s'obscurcir, le ton peut bien se durcir, on sait qu'on ne sera jamais abandonné par cette lumière qui brille toujours quelque part, même au cœur de l'orage. C'est aussi ce qui rend encore plus beau cette foudre qui s'abat sur nous au cœur du morceau, on profite du spectacle de l'orage en se sentant en sécurité. Ce premier morceau est d'un niveau d'écriture assez exceptionnel, il donne le ton... Si l'architecture de "Blink of an eye" est plus classique, le titre bénéficie du renfort du saxophone, d'une jolie ligne de basse et de samples intrigants pour tirer son épingle du jeu. Le poignant "Bystander" joue sur la tension et une lente progression vers une explosion déchirante, je le trouve moins "efficace" que "Within reach" mais comment ne pas être touché et ému en l'écoutant ? Si "Scarcity" n'offre pas de prise particulière, c'est un de ces morceaux qui donne du corps à un album, Klone révise ses (hauts de) gammes pour nous préparer à un "Elusive" très immersif, la distorsion emplit l'espace, les différentes couches d'instruments se complètent, le mixage sublime la composition, c'est un petit régal. On plonge ensuite en "Apnea", une guitare chaleureuse échange avec des boucles assez froides, le groupe se frotte à d'autres sonorités, varie le chant et brise sa routine et repousse toute monotonie. Le saxophone de Matthieu se refait une jolie place sur "The unknown" et me laisse espérer de le revoir un jour en live avec le groupe... De par son refrain tranchant, lourd et puissant, "Night and day" témoigne de cette nouvelle force qui ne passe pas forcément par la vitesse d'exécution, l'atmosphère est privilégiée à la percussion. Un peu plus rythmé "Disobedience" mise sur les cassures et des sonorités fouillées pour tirer son épingle du jeu, c'est réussi, aussi. Sans fausse note jusque-là, on sait que Klone a de nouveau écrit un somptueux album, le titre éponyme enfonce le clou, entre les arrangements, le clavier, la montée dans les graves, les variations rythmiques ou le chant sirénien, on ne sait plus où donner de la tête dans ce tourbillon émotionnel.

Masterclass de Klone, Meanwhile installe un peu plus le combo au firmament. Véritable valeur refuge pour parer à la tourmente, on se sent toujours bien en écoutant leurs créations, quand bien même la mélancolie ou la rage s'en emparent, on y est comme chez soi.

Klone / Chronique LP > Le grand voyage

Klone - Le grand voyage Gong, Katatonia, The Pineapple Thief... voilà quelques groupes que Klone rejoint en signant avec Kscope, le label de Steven Wilson (Porcupine Tree et bon nombre d'autres projets) qui sélectionne ses artistes avec goût et parcimonie, une sorte de Graal pour les Poitevins qui n'ont jamais caché leur amour pour le génie anglais. Quel grand voyage pour arriver jusque là puisque les débuts étaient bien plus métalliques, mais depuis 2015 et Here comes the sun, on connaît leurs nouvelles aspirations. S'il restait quelques traces de leur passé sur le précédent opus (la fin de "The last experience" et quelques autres vrombissements épars), sur celui-ci, elles ont quasi disparu (certains riffs sont métal ("Yonder", "The great oblivion") mais la production impeccable de Francis Caste les adoucit), les nouveaux fans devront être prévenus au moment de plonger dans leur discographie.

Pop, rock, post, progressif, onirique, magique, sensoriel, délicat, les adjectifs ne manquent pas pour caractériser Klone aujourd'hui, peut-être faut-il mettre en avant "ascensionnel" tant il semble fait pour faire la synthèse de multiples idées. D'abord celle de montée, de progression, Le grand voyage, c'est celui vers un ailleurs plus brillant, une expédition vers les cieux pour survoler les dépressions et se réchauffer près du soleil, l'album permet l'élévation et l'abandon, l'esprit peut lâcher prise et permettre au corps d'oublier toutes les gravités. Ensuite parce le mot a "sens" en son cœur et ces titres les mettent en éveil, ils apportent de la douceur, du bien-être, tissent un cocon autour de l'auditeur qui n'a plus aucune envie de revenir dans la réalité une fois l'écoute lancée. A bien y réfléchir, l'adjectif parfait n'existe pas, il faut l'inventer et je propose "ascensationnel" pour ajouter une dimension fantasmagorique et insister sur le fait que ce genre d'opus est rare.

La voix de Yann fait que Klone est Klone, la puissance de ses mélodies envoûte mais on ne peut s'empêcher de penser à quelques références tout au long de l'opus. Pour moi les petites notes et la basse de l'intro de "Breach", titre où l'on peut trouver la guitare de Luiss Roux d'Hacride, sonnent comme un hommage à Pink Floyd (réécoute "Speak to me" !), les passages avec les petits sons bidouillés (et le saxophone) de "Indelible" renvoient à Porcupine Tree, les parties plus frontales ("The great oblivion") plairont aux amateurs de Tool et une forme d'indolence sied bien à The Doors dont "The spy" est repris pour clôturer l'album même si on est loin de l'ambiance saloon de la version d'origine. Repoussant encore ses limites, Klone nous emmène avec lui pour notre plus grande délectation. Véritablement ascensationnel.

Klone / Chronique LP > Unplugged

Klone - Unplugged Merci à Klone de prolonger la magie pour l'éternité. Tous ceux qui avaient vécu l'un des quelques concerts donnés par Klone en mai dernier attendaient de pouvoir revivre de telles émotions, alors, certes, un CD ne procure pas les mêmes sensations qu'un concert mais il suffit de fermer les yeux pour se replonger dans cette ambiance et se remémorer ces grands moments. Et je pense que ceux qui n'y étaient pas doivent pouvoir imaginer à quel point ces interprétations sont fortes rien qu'avec ce disque.

Enregistré dans les conditions du live au théâtre de la Coupe d'Or à Rochefort, cet Unplugged est à la fois dépouillé et lumineux. Avec un chant, deux guitares (dont une douze cordes) et l'instrument choisi par Armelle (accordéon, synthé, percussion), les compositions de Klone apparaissent sous un nouveau jour, imposent leur beauté et nous forcent à la contemplation. Comme sur scène, le décor est planté par "Immersion", titre idéal pour se déconnecter du réel et débuter le voyage. La pureté des sons, le charme de la voix, la délicatesse de la vibration des cordes, tout est sublime. Le groupe ajoute à son répertoire la reprise de "People are people", à la froideur quasi industrielle du titre de Depeche Mode, Klone apporte mélodie et relief là ou d'autres (et non des moindres) s'était cassé les dents (A Perfect Circle). L'inédit "The silent field of slaves" assure une transition en douceur avec des morceaux qui étaient plus profonds voire plus musclés ("Into the void", un des deux extraits de The dreamer's hideaway). Pour l'essentiel, ce sont des versions acoustiques des pièces maîtresses d'Here comes the sun avec là encore, la cover de "Summertime" pour terminer, histoire de se remettre après l'envoûtant "Rocket smoke".

Cet Unplugged est un petit chef d'oeuvre, que tu connaisses ou pas Klone, tu ne peux que succomber. Si de nombreux grands groupes américains jouent la carte "débranchée" assez souvent, les Français sont plutôt frileux quand il s'agit de tenter l'exercice, peut-être que cet album (après ceux d'Evenline ou Unswabbed) donnera des idées à d'autres...

Klone / Chronique LP > Here comes the sun

Klone - Here comes the sun On avait laissé un Klone s'envolant vers les cieux et s'éloignant donc des grondements telluriques avec The dreamer's hideaway, on les retrouve au-dessus des nuages, un peu plus haut encore, avec Here comes the sun. Avec un titre déjà choisi par les Beatles, on devine aisément que le groupe assume totalement son virage "pop" (alors qu'à leurs débuts, on les rapprochait de Gojira) et le choix de laisser de côté les grosses distorsions et les riffs surpuissants.

"Immersion", si Klone n'avait pas commencé par là, je l'aurais fait, parce que c'est une véritable immersion dans leur musique qu'ils nous proposent, alors qu'eux montent vers le soleil, nous, on plonge dans leur trip fait de nappes cotonneuses, de notes délicates, de basse chaleureuse et d'un chant entièrement voué à nous charmer. Oubliant la relative rugosité d'un Tool, c'est désormais davantage vers Porcupine Tree ou le travail solo de Steven Wilson que les Poitevins vont être comparés, certains titres étant assez "prog" (l'instrumental "Gleaming" par exemple). Et quand on les sent se retourner vers leurs aspirations passées, ils donnent dans la retenue, nous laissant sur le fil du rasoir, au bord de la falaise, évitant toujours de revenir du côté obscur de leur force, faisant alors appel à un excès de zen ou au saxophone pour calmer la tension montante. Seule la fin de "The last experience" se laisse emporter par la saturation comme si, à trop se rapprocher d'un soleil divin, la nouvelle douceur de Klone se désagrégeait. Cette carbonisation n'est qu'un détail de l'histoire racontée jusque là puisque même quand le groupe annonce cette fin tragique ("Gone up in flames"), il le fait avec une dynamique enlevée mais sans heurt.

En "bonus", Klone nous laisse avec leur reprise acoustique du cultissime "Summertime" de George Gershwin. Enregistré en 2013, cette cover intemporelle a déjà charmé à peu près toutes les grandes stars du jazz (Sidney Bechet, Billie Holiday, Charlie Parker, Louis Armstrong, Miles Davis, John Coltrane, Duke Ellington, Herbie Hancock... mais aussi Barbara Hendricks, Janis Joplin, Mike Brant, Nicoletta ou Grand Corps Malade ! Et dans notre rayon de prédilection The Doors, Paul McCartney, Stereophonics, Me First and the Gimme Gimmes, Nina Hagen ou Morcheeba se sont déjà pliés à l'exercice, le titre a donc connu à peu près toutes les retouches imaginables et celles qu'apportent Klone se fait tout en chaleur, en délicatesse histoire de se fondre dans Here comes the sun comme si ce morceau était l'un des leurs. C'est bien simple, s'il n'était pas placé en dernier, on n'y ferait "presque" pas attention...

Avec Here comes the sun, Klone franchit une nouvelle étape, pas forcément dans la qualité car ils nous ont depuis longtemps habitués au meilleur, mais davantage dans leur cheminement personnel, leur musique s'étant complètement affranchit de ce qu'était le groupe à ses origines. La mutation a été progressive et moins radicale que celle de Nihil avec son Invisible mais le résultat est au moins tout aussi bluffant.

Klone / Chronique LP > The dreamer's hideaway

Klone - The dreamer's hideaway Avec The dreamer's hideaway, c'est (pour le moment) une trilogie de haute volée que Klone achève après All seeing eye en 2008 et Black days en 2010. Les trois albums sont dans la même veine, dans les mêmes sons et les mêmes ambiances avec certainement un progrès entre les deux premiers et une impression de grande proximité entre les deux derniers, on en oublierait presque que déjà deux ans se sont écoulés depuis Black days ! Si tu as apprécié le précédent, tu ne refléchiras pas avant de te jeter sur The dreamer's hideaway où l'on retrouve tout ce qui fait la force de Klone.

L'une des principales, c'est celle du combo à nous emmener dans son univers jusqu'à être piégé au coeur du titre (tout en ayant l'audace de nous prévenir avec l'explicite "Siren's song") ! Pour ce faire Klone utilise ses riffs et des petites notes qu'on suit irrésistiblement ("Rocket smoke", "Rising"), un chant mélodieux envoûtant ("Walking on clouds", "At the end of the bridge") ou même son arme absolue qu'est le saxophone ("The dreamer's hideaway"). Dans tous les cas, le résultat est le même, on est fait prisonnier au sein d'une composition qui de petite douceur a pu se transformer en monstre dévorant nos oreilles ("The worst is over"). Car sous des devants plutôt dociles, la bête peut surgir et rugir, Yann passant d'un chant harmonieux à un autre plus hargneux avec une grande facilité (et toujours cette impression que Tool et Maynard James Keenan sont la principale référence du style). Variant les ambiances, étendant le spectre des sons, jouant sur les tons, les Poitevins nous tiennent en haleine tout au long de cette petite heure passée en leur compagnie, le seul petit couac, c'est ce "Stratum" qui divise l'opus en deux, c'est un interlude électronique qui n'apporte pas grand chose musicalement et qui fait trop retomber la pression, son seul avantage est de nous faire capter rapidement les premières notes de l'excellent "Walking on clouds" (seul titre qui dépasse les six minutes alors qu'on connaît l'amour de Klone pour les titres tentaculaires).

A contrario d'un Icare moderne, plus ou moins mis en scène au travers de l'artwork, Klone se rapproche un peu plus des cieux mais ne se brûle pas les ailes restant toujours dans l'atmosphère pour éviter l'asphyxie.

Chronique Compil : Klone, KlonoSphere MMXII

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