Rock Rock > HuGui(Gui) les bons tuyaux

Dossier : HuGui(Gui) les bons tuyaux, Campaign / Fusion Bomb / The Devil Makes Three

HuGui(Gui) les bons tuyaux / Chronique LP > Bottlekids / Mixtapes

Hola Guillaume Circus ! Ça roule ? Bien remis de tes émotions de notre génial 25ème anniversaire ? Il faut dire qu'avec les copains du zine aux grandes oreilles, on a mis le paquet. Et du côté de notre "bébé", la collaboration avec Sieur Guillaume Gwardeath s'est avérée encore plus chouette que je ne l'aurais escompté. Et puis, deux découvertes pour le prix d'une, ça ne se refuse pas ! Bref, encore bravo à tout le monde, et à toi en particulier. L'autocongratulation, c'est pas trop ton truc mais j'insiste : bravo et merci de faire vivre le zine (et notre rubrique tout particulièrement) de tes fines analyses et des judicieux tuyaux.

Je ne sais pas pour toi, mais quand un numéro du W-Fenec sort (et qui plus est pour les numéros spéciaux comme le 47, le 50 ou le 54), j'ai toujours du mal à me remettre dans le bain. Je prends du temps à évacuer ce trop plein d'émotions et même si je continue d'écouter des disques qui seront décortiqués dans l'édition à venir, j'ai du mal à me remettre à l'écriture. Du coup, démarrer par la rubrique HuGui(Gui) les bons tuyaux, c'est parfait pour relancer la machine, d'autant plus que je sais que tu auras une oreille attentive à ma suggestion du moment. Et ça, c'est valorisant. Cette longue introduction en guise de billet d'humeur est désormais terminée. Place à mon tuyau qui ne te laissera pas indifférent.

Bottekids (band) Mon tuyau s'appelle Bottlekids. Et avant de t'en dire plus, j'éprouve le besoin de contextualiser le propos. Car depuis le début de notre aventure, chaque tuyau a une histoire. Qu'il façonne ma culture musicale ou qu'il marque mes esprits à tout jamais, rien n'est jamais dû au hasard ou presque. Le 22 octobre, comme tous nos assidus lecteurs le savent (enfin, ceux qui ont lu le mag 53), j'ai passé la journée au Rock Your Brain Fest de Sélestat avec une affiche d'enfer : The Rebel Assholes, Doghouse Rose, Svinkels, Arno Futur, Slaughter and the Dogs et les Burning Heads. Mes chers Burning Heads avec qui j'ai fait le trajet depuis Nancy aussi bien pour l'aller que pour le retour. Que demander de plus ? L'aller s'est parfaitement déroulé, et le retour s'est avéré riche en enseignements. Entre deux gorgées de Perrier pour Jbé, deux imitations avec les doigts de gangs américains par Thomas et deux blagues de Phil (attention, une fausse information s'est glissée dans le début de phrase, sauras-tu la retrouver ?), voilà que ce petit filou de Fra va entrer en action. Confortablement installé dans le van, il va lancer une provocation pour bien aiguiser mon attention : alors que Thomas vient de me refiler un sticker de Go Public! (je te rappelle que nous sommes en novembre), Fra me demande ce que je pense de l'album qui ne sortira que dans quelques semaines. Et après lui avoir répondu que je n'avais entendu qu'un ou deux singles mis à disposition sur la toile, il me répond avec le flegme dont il a le secret : « Ah ? Tu n'es pas de la short list ? ». Euh, attends, il me chauffe là ! N'empêche que je ne l'attendais pas celle-là ! Et bien non, je n'ai pas eu, à cet instant, le privilège d'écouter ce génial premier album du nouveau groupe de Salim Sixpack et consorts. Je balbutie quelques mots, et je serre les dents avec pour prochain objectif d'écouter ce disque dans les meilleurs délais. Ce qui sera chose faite la semaine suivante, après que Hugo m'ait remis un CD-R lors du passage de Lion's Law à Montpel. Puis, alors que le van avale les kilomètres dans la nuit noire, on discute de nos derniers coups de cœurs musicaux. Et voilà que notre homme me sort deux noms : Bottlekids et un autre. L'autre, il est possible que je t'en reparle un jour. Mais c'est sur Bottlekids qu'il convient de se concentrer. Je rentre le nom dans mon appli musicale, en me promettant d'envoyer tout ça prochainement dans mes écouteurs.

Je pense donc me souvenir de ce trajet retour très longtemps. D'une part, car j'ai été "mouché" par le chanteur des Burning (ça doit être une habitude chez eux !), mais aussi et surtout parce que je me suis fait refiler un tuyau de première. Un truc en or massif, aussi lourd que brillant. Déjà, Thomas, en 2018 et à l'heure de nous rendre au Hellfest, m'avait refilé un tuyau béton en ces charmantes personnes que sont Sharp Shock. Fra, en 2022, aura également réussi à me séduire avec Bottlekids, groupe que j'écoute autant que je peux ! Et dont je ne me lasserai jamais. Et comment s'en lasser, tellement ce groupe correspond en tout point à ce que j'aime : du punk rock/punk hardcore joué à fond la caisse, une voix carrément cool, une prod gigantesque, un basse/batterie ultra solide et des morceaux où rien n'est à jeter. Le seul défaut qui m'est venu à l'esprit lors des premières écoutes en boucle est que je ne verrai peut-être probablement jamais on stage ce groupe ricain (parce que ça sonne comme un groupe ricain). Mais comme ce sont des Gallois et que les Burning Heads aimeraient bien monter une tournée avec eux, il n'y a donc plus aucun défaut. Et quand je dis aucun, j'ai beau chercher, je ne trouve pas. Je me suis focus sur Zilch!, le dernier EP en date (6 titres, 16 minutes !) que je te recommande vivement. J'aime tellement ce disque que lorsque je t'ai demandé si tu connaissais ce band (élément indispensable au bon déroulement de cette rubrique), j'ai été soulagé de t'entendre répondre par la négative. Car j'ai fondé beaucoup d'espoir sur ce tuyau. Et je suis persuadé que tu ne me contrediras pas !

Tu penses bien que je suis allé fouiner sur la toile pour trouver quelques infos et quelques points de chute de skeuds en Europe. Pour la biographie, je n'ai pas grand-chose à part que ça vient de Chepstow au Pays de Galles et qu'ils sont trois. Et qu'ils font des clips funs aussi ("Nowt"). Le groupe a à son actif deux EPs (Zilch! donc, et Bottlekids qui est paru en 2019). C'est fun, c'est fast et c'est fat à la fois. C'est bruyant, c'est mélodique et c'est aussi et surtout irrésistible. Et putain, ça joue bien ! Le premier truc qui m'est instinctivement venu à l'esprit, c'est Pears. Tu vois ce groupe (ricain pour le coup) un peu foufou et clairement puissant ? Bah voilà, on est dans ce ton-là ! Pour remonter aux influences d'origine, on peut gratter du côté des Descendents, Dag Nasty et Propagandhi. Tu vois un peu ce merdier, quoi. Ce disque défonce de la première à la dernière note, et même si la production de Romesh Dodangoda (producteur notamment de Motörhead et Funeral For A Friend) n'est pas étrangère à la réussite de ce skeud, ce groupe a un sacré talent. J'aime tout dans ce disque : l'artwork, la zik et tout ce qu'il véhicule (en planche à roulettes). Le premier EP est super bien aussi, mais Zilch! me coupe le souffle à chaque écoute, à défaut de me casser les oreilles ! Bottlekids, JE T'AIME, tout simplement. Et mon cher Fra, à jamais tu auras toute mon estime pour cette découverte qui vaut des points. Et tu auras une statue à ta gloire si tu fais venir ce groupe dans l'Hexagone.

Ah, oui ! Tu dois te demander si j'ai réussi à choper un skeud sans passer par le Royaume Uni. Bien entendu ! Le groupe est signé chez SBÄM (Autriche) et j'ai profité des soldes du label en décembre dernier pour choper un skeud (enfin, plusieurs, mais chuuuuut, ne le répète pas à qui tu sais). Tu sais ce qu'il te reste à faire ! Et quand tu auras réussi à te défaire de ce groupe dont tu vas vite devenir accro, je compte sur toi pour me livrer ton tuyau tout beau tout chaud.

Hello très cher Gui de Champi ! Je ne sais pas si ça roule mais ça marche, ouais. Enfin, ça bat le pavé (à défaut d'en lancer) pour protester et essayer de préserver nos conquis sociaux, de plus en plus malmenés. Parce que je ne suis pas sûr de vouloir, et surtout ni même pouvoir rouler ma bosse (ou rouler tout court en bon prof de gym que je suis) jusqu'à 64-65-70 ans... Si on ne les arrête pas, ces ordures n'ont aucune limite, ni considération pour ceux qui ramassent les leurs. La France est soi-disant un pays de fainéants et fonctionnaires payés à rien foutre mais quelques jours de grève et c'est la chienlit, la bourgeoisie chouine... Faudrait savoir ! Bref, ça m'a pas mal occupé ces 49,3 derniers jours... et mis en retard pour mes articles du W-Fenec. Ahaha, qui l'eût cru ! Je te rassure donc, il n'y a pas que toi qui n'arrives pas à enchaîner après la sortie d'un mag mais je ne suis pas certain d'être un bon exemple.
T'as remis le pied à l'étrier avec ce très bon tuyau (oui, je divulgâche d'entrée !), de mon côté la priorité c'était l'interview Zoom de Samiam, qu'on retrouve dans le Mag #55. Je peux enfin leur consacrer plusieurs pages, après les avoir mentionnés vaguement mais régulièrement, notamment dans cette rubrique. Bon, j'ai ainsi découvert que tu n'étais pas trop client de leur zik et c'est ce qui nous a valu la première chronique mitigée du fanzine HuGui(Gui). Par Jeff de Up The Zines !, qui depuis 22 numéros (respect !), ne parle que de fanzines, avec interviews de fanzineux et chroniques de fanzines. Je partage son indignation concernant ton manque de goût pour les Californiens, ainsi que quelques remarques, quand d'autres me semblent moins justifiées, mais c'est le jeu de la critique.

Ça, c'était pour le préambule, passons maintenant à Bottlekids, ton tuyau. Mon point de vue sur ces garnements gallois n'est lui, pas mitigé pour un sou et pour cause, j'ai utilisé toutes mes écoutes Bandcamp possibles de l'excellent EP Zilch! à l'heure où j'écris ces lignes. Finito, basta, niet... faut payer maintenant. C'est dire s'il a tourné ! N'ayant toujours pas cédé aux sirènes des sites de streaming, qui rémunèrent davantage les îles Caïmans et actionnaires que les artistes, j'ai dû ruser et user de moyens détournés pour pouvoir m'envoyer à nouveau ces 6 bombes power punk mélo. Elles font mouche à chaque fois (et sont bien plus plaisantes que les grenades de désencerclement ou de gaz lacrymo) et ça sera encore le cas, je pense, quand je les lancerai dans une semaine, un mois, un an. Bien vu mon pote et merci Fra ! "Already dead" qui ouvre l'EP est ultra catchy (quelle machine ce batteur !) et me met direct dans un bon mood. J'aime aussi beaucoup "Peachy", qui enchaîne derrière sur des bases bien intenses également, puis ça se détend quelque peu (enfin façon de parler), tout en gardant un fort penchant mélodique et tubesque, jusqu'au final somptueux, "Sick", avec son riff efficace et ses wow-oh-oh qui vont bien. Pour moi, le seul défaut de ce disque est sa durée, mais il suffit de le passer deux fois (ou plus) et le tour est joué. Je n'écoute plus trop de skate punk, alors que ce style a occupé une grosse partie de ma vie et squatte encore allégrement les étagères de ma discothèque mais ces Gallois sont des dignes héritiers de toute la vague mélodique qui est arrivée (entre autres de Californie) dans les années 90. Leur premier et précédent EP de 2019 m'a par contre moins convaincu (un peu trop quelconque) mais je suis bien curieux de les voir en concert (avec les Burning Heads, ce serait top) et de suivre leur évolution, tant ce Zilch! est parfait de bout en bout.
Je connais un peu Pears, groupe ricain que tu rapproches de Bottlekids, les ayant notamment vus plusieurs fois en live (avec un chanteur rouquin toujours survolté, habité), dont deux dates en Espagne avec... tatatin... Samiam ! Ouais, je suis en mode monomaniaque, ahaha ! De mon côté, c'est à Consumed (groupe anglais, eux aussi chez Fat Wreck Chords fin 90's) que j'ai pensé, à la première écoute de Zilch!. Si ce groupe de seconde ligue n'était pas passé sous tes radars, tu peux te jeter sur l'album, Hit for six. Tu y trouveras la même puissance et fraîcheur que Bottlekids. En tout cas bien joué, sois certain que c'est du tuyau qui va tourner !

Mixtapes (band) Pour le mien, j'hésitais entre deux (et j'en ai encore suffisamment en stock pour noircir les pages d'un fanzine HuGui(Gui) Saison 3), qui avaient chacun un lien logique avec le précédent mag. J'ai finalement opté pour Mixtapes, groupe pop/punk-rock bubble-gum de l'Ohio, que j'ai vu au Fest en 2010 et 2011. C'est mon pote Matt Showman, qui a été mon Tuyau d'Or de 1993 (quand on s'est retrouvés dans la même classe au collège) à 2011 (quand cette saleté de crabe l'a emporté), qui avait passé un de leurs titres en février 2010, dans l'émission de radio Joining The Circus qu'on animait ensemble. Je ne sais plus comment il les avait découverts mais j'ai été conquis d'emblée par ce "Nothing can kill the grimace", qui s'appelle à d'autres occasions "Cassettes". Va savoir pourquoi... En plus d'avoir un nom de groupe très original (tape Mixtapes dans ton moteur de recherche préféré), le début de leur discographie (2010-2011) c'est un peu le bordel. Il y a moult EPs, un album Maps sorti en CD avec au début les 4 titres de l'EP Thought about growing up, et ce même album, qui ressort en LP l'année suivante sous le titre Maps & compagnions, sans l'EP précédent en question mais dont la face B comprend des morceaux inédits et des versions électriques de morceaux acoustiques de la face A... Tu comprends ? Si la réponse est non, c'est normal, ahaha !

Qu'est ce que j'ai tant aimé dans Mixtapes, qui ressemble pourtant à 100 autres groupes du même genre ? Une certaine spontanéité et simplicité (les morceaux font en moyenne 2 min), l'alternance des chants féminin et masculin que se partagent Maura et Ryan les deux guitaristes, l'aspect sucré et Blink-bubble-gum que je mentionnais, la propension à aligner les tubes et l'humour et second degré dont iels peuvent faire part, dans leurs clips, paroles et même titres de chansons : "The real Hotel California", "The new ride the lightning"... Comme je ne voudrais pas que tu fasses une indigestion de sucre, allant jusqu'à l'écœurement, en ingurgitant trop vite les 80 chansons composées par le groupe durant ses 4 années d'existence (2010-2014), tu peux te contenter de ce premier album, Maps et des tubes que sont "Morning sex & AM radio" (tout un programme !), "Sprinkles", "Maps", "Cassettes (n.c.k.t.g) ", "Moonglow". Après, mon disque préféré de Mixtapes c'est le split 45t avec Direct Hit! (en itw dans le Mag 52), dont le principe était le suivant : chaque groupe compose un morceau, envoie la démo à l'autre, puis enregistre les deux chansons (tu trouveras un split clip vidéo assez fun sur YT). J'ai donc acheté ce vinyle lors du concert de Mixtapes à Gainesville, dans une édition limitée spéciale Fest 9 à 50 exemplaires (!) et à l'époque je ne connaissais pas encore Direct Hit!. Quand je suis rentré et ai écouté la trentaine de disques que j'avais achetés en Floride, j'ai pas fait attention tout de suite que c'était deux groupes différents, pour deux même chansons sur chaque face mais les versions de "I was a teenage poltergeist" et "Werewolf shame" de l'un et l'autre défoncent ! Le concert dans un petit bar, devant une cinquantaine de personnes était bien fun, avec pas mal d'échanges et de vannes avec le public. Beaucoup de morceaux débutaient par des refrains de classiques de Weezer, Blink-182, j'ai souvenir du "Two princes" de Spin Doctors aussi... Bref, une ambiance très bon enfant, un peu à l'arrache, qui tranchait pas mal avec celle de l'année suivante. Je les ai revus au Fest 10 dans une salle sold out de 4-500 personnes, et fort de l'expérience de la centaine de dates qu'iels avaient faites entre temps, profitant d'un petit buzz mérité et parce que toutes les raisons sont bonnes pour s'échapper de l'Ohio, c'était bien plus carré. Même si question fun, on n'était pas en reste avec le bassiste et sa magnifique chemise à fleurs qui sautait partout, Ryan et Maura toujours très complices et proches du public, ce dernier scandant à cœur joie et bières en l'air les hymnes de Mixtapes qu'il connaissait sur le bout des lèvres. Par la suite, le groupe a stoppé un peu sa frénésie de sorties discographiques, se contentant d'un album en 2012 (Even on the worst nights) et en 2013 (Ordinary silence), pour sortir en 2015 These are us, une compilation digitale posthume de 23 B-sides, raretés, reprises, inédits... T'as donc largement de quoi faire des mixtapes de Mixtapes si ce tuyau te plaît. Désolé, en revanche, de ne te proposer dernièrement que des groupes qui ont splitté, j'essaierai d'en choisir un encore en activité pour le prochain

Étant très client du charme et de la voix de Maura Weaver, j'ai un peu suivi ce qu'elle a fait ensuite (les groupes Boys ou Ogikubo Station avec Mike Park, musicien/chanteur et boss du célèbre label Asian Man Records) mais je n'ai pas retrouvé la même fraîcheur que dans Mixtapes. À part sa géniale participation au tube "Heart shaped guitar" des Masked Intruder (pop-punk délinquante juvénile ramonesque sur Fat Wreck Chords). Cœur avec les doigts pour ce morceau ! N'oublie pas de bien te laver les dents après ce tuyau et donne m'en des nouvelles. À très vite !

Joli préambule mon bon Guillaume Circus. C'est la merde partout, tout le temps. Et je vois que si tu arrives à esquiver les coups de bâton des gens en képi, tu n'as pas pu échapper au bon tuyau de Gui de Champi. Je savais que Bottlekids te ferait de l'effet, mais pas à ce point ! Il faut que je me fasse une raison, tu n'es pas en sucre, même si tu as un fort penchant pour les groupes aux sonorités acidulées. Et si le groupe vient jouer par chez nous avec nos flamboyants Burning Heads, je prends l'engagement devant nos lecteurs que nous irons les voir ENSEMBLE ! Compris ?
En attendant, merci pour ton tuyau dont tu parles, encore une fois, avec passion. On pourra toujours nous reprocher tout ce qu'on veut, mais sans passion commune, cette rubrique n'aurait à mon sens que peu d'intérêt. Et comme je préfère me concentrer sur ce que j'aime plutôt sur ce qui pourrait me rendre un peu chafouin, je vais me faire un plaisir de partager ton engouement pour Mixtapes, même si j'en parlerai certainement moins bien que toi, car de nous deux, il est certain que c'est toi qui es le plus accroché à ce band américain (et généralement à ce style funny/bubblegum). C'est normal tu me diras, tu as "ton" histoire avec ce groupe. On ne le répètera jamais assez, c'est important d'avoir des histoires avec "ses" groupes. L'emploi du possessif est clairement assumé, je te rassure. Regarde, et j'ai certainement dû évoquer la chose dans un précédent échange, j'ai un souvenir précis du moment où j'ai écouté/découvert/disséqué les œuvres majeures de ma rockothèque. Le jour où j'ai acheté le Black Album de Metallica ? Fastoche. Un mercredi. Je me suis fait tirer ma casquette Jordan une heure après dans un centre commercial. La discographie d'Iron Maiden ? Ouais, un samedi, avant la fermeture d'un Cultura. Ma découverte des Burning Heads ? Sur une compilation allemande achetée à la Parenthèse à la fin des années 90. Bref, tu captes le truc ? Je profite donc de cet aparté pour rendre hommage à ma façon à Matt Showman qui, j'en suis persuadé, serait fier de cette rubrique. Plus que des résultats actuels de l'AJA, mais ça, c'est une autre histoire !
J'ai donc enchaîné les écoutes de la discographie, un peu bordélique je l'avoue. Tellement que mon lecteur de stream est également un peu paumé dans les références des skeuds. Mais c'est pas grave, tes fichiers numériques ont sauvé le game. Tu le sais (même si tu ne l'as pas écrit) : Mixtapes n'a pas inventé la poudre, tout en voulant bien reconnaître que ce groupe aura contribué à faire avancer (à sa façon et avec ses moyens) le schmilblick... et à rendre heureux des gens comme nous ! Car c'est bien connu, la musique rend heureux non ? J'ai suivi tes recommandations à la lettre, et même si le split avec Direct Hit! est divertissant par l'originalité de son concept, j'ai vraiment accroché à Ordinary silence, le dernier LP du groupe paru en 2013 avant sa mise en sommeil. Je trouve ce disque moins foufou et plus compact que les précédentes prods, avec des tubes en or massif ("Happy and poor", "You look like springtime", "C.C.S. "). Question de goût, toujours la même histoire. J'ai une nette préférence pour leur accointance avec Weezer plutôt que leur délire à la Blink machin truc. Et c'est clairement la voix de Maura qui fait la différence et qui surclasse le groupe au milieu des dizaines/centaines de groupes du même genre. Je ne vais pas en dire d'avantage car d'une part, tout le monde aura compris dans quoi il risque de s'aventurer s'il a la bonne idée d'aller écouter tout ça et d'autre part, je vais de ce pas me relancer une lecture (et peut être une autre) en toute décontraction et loin de mon clavier qui a ressenti ces derniers jours le stress de bouclage du #55. Un comble, tu ne trouves pas ? En tout cas, bonne pioche pour avoir déterrer ce bon tuyau mon p'tit gars. J'ai déjà commencé à fouiner pour garder une trace physique de Mixtapes (je te rappelle que Victoria est en âge de lire, mais elle n'a pas encore toutes les subtilités pour comprendre les phrases détournées, si tu vois ce que je veux dire) et même s'il va encore falloir aller taper du côté du Grand Capital, je devrais pouvoir m'en sortir. Mais pour le prochain, si tu peux effectivement faire en sorte de me sortir du chapeau un groupe vivant, je t'en serais fort reconnaissant. Après, si c'est le deuxième album de Wet Leg ou le dernier Samiam, ne te prive pas d'exhumer un cadavre (private joke, détendez-vous les gars !!!!!). Sinon, moi aussi je lis des zines et Gui de Champi, c'est avec un "i". Bisou.

HuGui(Gui) les bons tuyaux / Chronique LP > Dust Junkys / The Beths

Dust Junkys Hell'o mon bon ami ! Tout va bien du côté de chez toi ? En ce qui me concerne, je suis débordé. Mais alors, à un point que tu n'imagines même pas ! Je dois en effet répondre à un afflux massif de courriels de lecteurs du W-Fenec qui me demandent une date de sortie du fanzine HuGui(Gui) les bons tuyaux saison 1. Je ne sais pas trop quoi leur répondre, à part que j'ai promis de me rendre au siège de CCCProd pour superviser le bon déroulement des opérations. Ce qui est sûr, c'est que le #52 du W-Fenec mag est sorti et que tes espoirs portés dans notre dernier échanges de bon plan sont malheureusement vains. Mais à ta décharge, je reste persuadé que tu as mis toute ton énergie dans ce chouette tuyau qu'est China Drum. Les disques ne décollent pas de ma playlist et je prends énormément de plaisir à les écouter. Bien joué mon pote !

On va continuer sur notre bonne lancée, tu veux bien ? J'ai sélectionné mon deuxième tuyau de cette nouvelle saison en fonction de tes références en termes de fusion. Rage Against The Machine ? Classique. Urban Dance Squad ? Classieux (un de mes groupes préférés ever life). Downset ? On commence à gratter un peu là. Cyco Miko ? Nous y voilà ! Tu te souviens d'ailleurs du Mike Muir qui avait couru comme un dératé sur le studio de NPA sur Canal +, en chantant à tue-tête "I love destruction" (qui sonne comme un tube de Turbonegro) ? Tu as de belles références dans ta besace d'artisan qualifié ISO 666. Mais j'ai le regret de t'informer que pour être tout à fait complet, il en manque une : Dust Junkys.

Ce nom t'est inconnu et je n'en suis pas étonné. Comme mon précédent tuyau (Lodestar), ce groupe n'a pas fait long feu, même si la page Wikipedia (en anglais) lui consacre quelques lignes et une carrière de 5 ans. Tombé dans l'oubli en 2000, le band se serait reformé, selon la légende, en 2015, ce qui me paraît étonnant car franchement, ça n'aurait pas échappé à mes radars. Quelques visionnages de YouTube laissent toutefois à considérer que ça vivote. Bref, revenons au concret, c'est-à-dire la musique. C'est en 1998 que ma vie s'est illuminée. Je sortais d'une séance de cinéma à l'UGC Saint Jean à Nancy, pas très loin de la Fnac. J'ai passé un bon moment en matant Taxi 1 (Alerte générale !!!!) et disposant d'un peu de temps avant de prendre le bus 101 pour me ramener à Champigneulles Rock City - arrêt Piscine - je suis allé feuner les nouveautés au rayon rock du soi-disant Agitateur. Dust Junkys était à la borne d'écoute. Curieux comme je suis, j'ai lancé la lecture, j'ai eu le smile et je suis reparti avec le disque compact. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Vingt-quatre ans plus tard, j'écoute encore avec énormément de plaisir Done and... dusted. Le tableau est assez simple : un basse/batterie du tonnerre, un DJ qui assure, une guitare toute en souplesse et un MC qui déboîte. Le gratteux joue en pentatonique à la Hendrix, simple et efficace. J'ai bossé tous les plans de gratte à l'oreille. Tous, tu m'entends ? Moins foufou que Persona non grata de mes chouchous Urban Dance Squad, on est quand même dans un registre assez proche : des titres qui groovent avec un flow relativement soutenu mais sans tomber dans le pe-ra des premiers albums des Bataves, des guitares cristallines qui lorgnent vers le blues, de la basse slappée avec parcimonie et que des bons morceaux.

Rien n'est à jeter. Mais alors, vraiment rien. On dirait que le groupe a écrit ce disque pour moi. Je ne prends aucun risque avec cette tuyauterie en or massif car on ne peut que succomber au charme de ces cinq Anglais. Le même album est ressorti en 2018 avec un mixage différent et peut-être quelques rajouts. J'ai naturellement écouté mais je préfère le mix d'origine. Ce qui est certain, c'est que mon skeud que j'ai acheté un jour de printemps 1998 a, comme des dizaines d'autres, changé beaucoup de choses dans ma vie. Il existe une version double album avec un ensemble de remix dont je n'ai, étrangement, aucun souvenir. Un bon moyen de me rafraîchir la mémoire qui, avec l'âge, commence à flancher. Il faut croire que les moments dont on se souvient sont gravés dans nos cœurs.

Oh, je te vois venir car je suis sûr certain que tu veux connaître mon top 3 de l'album. Je m'autoflagelle en acceptant cette mission car putain... c'est trop duuuuuur ! Allez, on dira le funky "What time is it", le hendrixien "Fever", l'indispensable "Movin' on", le jouissif "Living in the pocket of a drug queen", le... Hein ? Quoi ? Ça fait déjà quatre ? Mais que veux-tu, les pelletés de tubes auront eu raison de ma raison ! Je te souhaite de passer un bon moment avec une de mes sensations de l'année du sacre de la Coupe du monde !


Toujours en forme mon Gui de Champi, à ce que je vois. Et encore plus quand il est question de parler musique, propager la sainte parole... Comme je te comprends ! C'est pas pour rien que je prends toujours un énorme plaisir avec tes découvertes et nos échanges passionnés et que je n'ai pas compté les heures passées derrière mon écran et le logiciel Scribus (il est gratos, on peut en faire la pub sans soucis) pour mettre un terme à ce "fameux" fanzine. Mais ça y est, tout est prêt ! J'aurais en effet aimé qu'il soit terminé pour la sortie du précédent mag mais il n'y a pas que toi qui es débordé. À moins que je ne gère (très) mal mon temps, explication plus que plausible. Toujours est-il que les 44 pages à base de double colonnes de texte et quelques photos pour illustrer et aérer l'ensemble sont prêtes, on attend plus que la couv' que nous réalise daN (de l'illustre fanzine Kérosène, c'te classe !) et tu conviendras avec moi que la première ébauche qu'il nous a envoyée ce matin défonce ! Je n'en attendais pas moins de lui.

the beths Mais revenons donc à ton tuyau. Tu te spécialises dans la fusion 90's on dirait et anglaise qui plus est. Troisième bon plan d'affilée qui vient d'outre-Manche, en comptant Eureka Machines dans l'épisode bonus été spécial fanzine HuGui(Gui). Faut le commander les gens ! Bien vu en tout cas, je n'avais jamais entendu parler de Dust Junkys et Done... and dusted, qui tourne pendant que je rédige ces lignes me plaît encore plus que Lodestar, ton tuyau précédent. Perso j'en écoute assez peu de la fusion, ça me peut me lasser à la longue. À l'inverse de l'indie-punk power-pop emo-punk 90's, qui constitue 95% de ma discothèque et 100% de mes tuyaux pour l'instant. Et ce n'est pas celui qui arrive qui va changer la donne. Donc quand j'en lance de la bonne sur ma platine (ou lecteur Winamp), je passe toujours un bon moment. Voire un excellent moment, comme quand Mike Muir avait mis le feu sur le plateau de NPA. Ah là là, impossible de lister tous les groupes trop cools qui avaient égratigné les tympans de Gildas et De Caunes à l'époque (je crois que Mowno a fait une compil de liens YT) mais bien sûr que je me rappelle le passage des survoltés Cyco Miko ! Tiens, en parlant de gars montés sur ressorts, dans ma liste j'avais oublié d'autres junkies, s'adonnant eux aussi au plaisir du funk, en plus énervés. Non c'est pas FFF, dont je te sais très friand mais Phunk Junkeez dont je ressors parfois le seul album que j'ai d'eux, Injected, produit en 1995 par Ross Robinson. Chez tes Anglais les tempos sont plus calmes mais pas moins groovy et j'aime beaucoup l'ambiance qui se dégage de Done... and dusted. Y a un côté smooth, apaisant, ensoleillé, on se croirait par moments avec les Californiens de Sublime, quand ils ne succombent pas au reggae-ska. Je valide donc à 100% et n'ai rien à rajouter à ce que tu as écrit, ce serait redonnant. Bien joué ! Comme j'ai fait plusieurs trucs en même temps que la rédaction de ce papier (procrastination j'écris ton nom), j'ai eu le temps d'écouter l'album 3-4 fois d'affilée, histoire de bien m'en imprégner. Je n'ai pas l'impression qu'il y ait des morceaux qui se détachent, se démarquent... c'est vraiment un disque homogène, qui s'appréhende dans son intégralité. Bon allez, je sens que tu trépignes alors je vais quand même confesser avoir un petit faible pour la ballade, "Remember". Mon passif emo, sûrement, ahaha ! Heureusement en revanche qu'on cause musique et pas ciné, je ne vais pas rebondir sur ta référence à Taxi mais n'en pense pas moins.

Tu restes dans la fusion et moi en terrain connu également : le rock indé anglo-saxon. Même si on va quelque peu voyager... jusqu'à Auckland en Nouvelle-Zélande. Marrant que tu ne connaisses pas The Beths. Le groupe existe depuis 2014, premier album, l'excellent Future me hates me en 2018 et le troisième, Expert in a dying field est sorti le mois dernier. Si tu veux de la machine à tubes, tu peux commander les trois disques les yeux fermés (et des nouveaux jouets pour Victoria par la même occasion) car Jump rope gazers (2020) est parfait lui aussi. On a généralement une préférence pour l'album avec lequel on a découvert un groupe et cela se vérifie ici encore avec le bijou qu'est Future me hates me. Une fois n'est pas coutume, j'ai vu le nom passer une fois, deux fois, trois fois sur mon fil d'actus. À la quatrième, fin décembre début janvier 2019 j'ai fini par cliquer sur le clip de la chanson éponyme. J'ai adoré. Tout comme la session live KEXP qui suivait et je suis donc tombé sous le charme de The Beths (pour Elizabeth, la guitariste/chanteuse et ses trois sbires). Ça tombait bien, il y avait un concert de prévu le mois suivant en première partie de Death Cab For Cutie au Trianon. Un poil cher et je ne suis pas spécialement fan des ricains mais je me passais tous les clips que je trouvais, les lives en boucle, il fallait absolument que je vois ces Néo-Zélandais.es. Je suis certain que tu comprends ce truc viscéral, à double tranchant car si c'était naze, dégringolade émotionnelle en vue. Bon bah j'ai pas été déçu, c'était trop beau. C'est vraiment l'adjectif qui me vient en premier pour qualifier à la fois le groupe et leur musique. Y a "minouchou" aussi mais on n'est pas suffisamment intimes. J'aimerais pourtant trop être leur pote. Ils ont des looks de nerds, à avoir fréquenté les clubs de scrabble / échecs au collège et pourraient jouer dans The Big Bang Theory mais j'avais discuté un peu avec eux au Trianon et ils étaient autant abordables qu'adorables, hyper humbles, vraiment ça débordait et c'était nullement surjoué.

La légende raconte qu'ils se sont connus dans une école de jazz et ont décidé de faire de la power pop. Ça leur réussit plutôt bien. Ils auraient pu se contenter de faire des morceaux de 2 min 30 mais non, leur virtuosité technique leur permet de faire des chansons de 4 minutes sans que cela ne soit chiant une seule seconde, avec de multiples arrangements, harmonies vocales, chœurs et quelques petits solos par ci par là. On se rend davantage compte en live de la (plus grande) complexité des morceaux, parce que si on se contente d'écouter sans tendre l'oreille, ça trace tout droit, c'est l'efficacité qui prime, on dirait les Beatles. Toi qui avais davantage aimé les titres les plus rock de Colleen Green, tu vas kiffer. On les compare aussi parfois à Alvvays, dont Ted doit parler dans un prochain mag. Ici également la voix d'Elizabeth Stokes est trop belle, parfois bubble gum mais le plus souvent mélancolique, collant parfaitement aux textes pas des plus gais ; "Great no one", "Not running", ma préférée, à moins que ce ne soit "Little death" (et son final somptueux), "Happy unhappy" (tout un programme !)... Tu auras compris, dans un registre différent mais comme pour Dust Junkys, rien n'est à jeter ! T'en n'as pas assez ? Il t'en faut plus ? Aucun problème, lance ton Deezer et l'album suivant avec par exemple "Dying to believe" (magique jusqu'aux woo-woo finaux), l'émouvante "Out of sight" (j'ai quasi la larme à l'œil à chaque fois, dès les premières secondes) ou la plus catchy "Mars, the God of war".

Il faut que je ponce un peu plus le petit dernier, Expert in a dying field car je confesse n'avoir pas encore bien pris le temps de le défricher. Mais je vais acheter ce disque, comme les deux autres. C'est ballot, je les ai revus pour la troisième fois en avril, au Point Ephémère mais il n'était pas encore sorti. Doublement ballot, je l'avais entre les mains y a 15 jours en fouinant chez Bis Aufs Messer, disquaire cool berlinois quand je suis venu voir le Big Four de l'emo-hxc-indie-punk avec Boysetsfire + Hot Water Music + Samiam + Be Well (groupe de l'ingé son Brian McTernan du mythique studio Salad Days) mais j'avais la flemme de me le trimballer dans l'avion. Mes deux bands préférés sur la même tournée, qui ne passait bien sûr pas en France, j'allais pas rater ça ! D'autant que l'eye-contact que j'ai eu avec Sergie Loobkoff, alors qu'il était sur scène, ça valait bien le coup de saloper mon bilan carbone. Et je ne parle même pas du lien qu'il m'a filé pour écouter le nouveau album de Samiam, qui ne sort qu'en mars. Chuuut... Je suis décidément incorrigible, revenons à The Beths. J'ai souvent la flemme mais je trouverai le temps de choper ce troisième LP, dès lors qu'il restera en dessous des 30€. C'est quand même devenu plus qu'un produit de luxe les vinyles. Ça m'arrange, j'ai plus beaucoup de place dans mon appart parisien, problème que tu connais moins. Cet appart en revanche, tu le connais, c'est même là que tu as découvert The Beths. Ta première impression avait l'air positive, qu'est-ce que tu en dis après avoir écouté plus en détails ? Mon prochain tuyau par contre, je suis certain que tu n'as encore rien entendu. Et pour cause, moi non plus,. Je décolle dans deux jours pour la Floride, The Fest et ses 350 groupes de punk rawk en 3-4 jours dans la ville de Gainesville (dont Samiam et Hot Water Music pour deux sets chacun, ahaha). Je te réserve la découverte qui me bottera le plus en live !

The Beths LP2 Mon Cher Guillaume Circus, je ne vais pas y aller par quatre chemins : tu es l'un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) compagnon musical que je puisse connaître ! C'est quand même pas croyable qu'à l'exception des dispensables Wet Leg, (non, je n'y arrive pas !), tu touches toujours le centre de ma cible émotionnelle ! C'est pas compliqué, j'ai des frissons rien qu'à entendre la sublime intro de "Expert in a dying field" du génial (dernier) album du même nom. C'est certainement dû à la beauté des voix, à la justesse des mélodies et aux magnifiques couplets et refrains composant ce sublime morceau. L'absence de chauffage dans mon bureau à l'heure où je rédige la fin de ce papier (il doit faire 15 degrés, idéal pour bosser !) est peut-être aussi une raison de mes frissons, mais franchement, The Beths, c'est tellement chouette !

J'ai effectivement un souvenir précis de ma première écoute (dans ta tanière du 18ème) du dernier album du combo d'Auckland. Pendant que tu te tirais les cheveux avec Scribus, l'album défilait et j'ai été attiré par les douces mélodies et les envolées toutes en retenue de The Beths. On ne va pas se mentir, j'adore. C'est sucré, c'est molletonné, c'est enjoué, bref, c'est génial. Emballé, c'est pesé, l'addition s'il vous plait ! Encore un groupe qui aurait sa place chez le génial label Big Scary Monsters - qui annonce d'ailleurs la sortie prochaine du nouvel album de New Pagans, je dis ça, je dis rien. Rien à voir avec mon groupe irlandais préféré, mais j'ai une tendance à apprécier, ces dernières années, les groupes à chanteuses, ce qui n'est pas du goût de ma chère et tendre épouse qui a du mal avec les voix féminines. Ça et le reggae, c'est compliqué pour elle. Ce qui me sauve, c'est qu'elle adore The Wildhearts et les Burning Heads ! Toujours est-il qu'en interrogeant Tiffany sur son ressenti à propos de The Beths, elle s'est focalisée sur la voix et m'a lancé un cinglant "ouais, ça sonne comme ces groupes à chanteuses des années 90's". Elle a raison dans un sens, et je ne vais pas insister et me garder pour moi tout seul les écoutes de The Beths. Je vais me faire une joie de découvrir en détail la discographie du groupe, et je reste pour le moment scotché au petit dernier qui vient de paraître.

Étonnamment, j'éprouve un plaisir infini à écouter le disque au casque pour une écoute optimale, alors que le disque me fait moins d'effet quand il passe dans ma voiture. Je rejoins parfaitement ton analyse selon laquelle les musiciens ont un niveau technique supérieur à la moyenne. Et même si "ça joue" comme on dit parfois par chez nous, ce n'est jamais au détriment des mélodies et c'est toujours dan un esprit collectif. Pour notre plus grand plaisir hein ? Le tiercé dans le désordre (mais qui rapporte énormément) comprend le superbe "Your side", l'énergique "Head in the clouds", sans oublier le parfait "Expert in a dying field", déjà évoqué plus haut mais qui symbolise parfaitement la musicalité et l'état d'esprit de ce groupe. Je redoute (encore une fois) de ne jamais voir ce band en live mais qu'importe, les disques vont me faire vibrer un bon bout de temps, et ça, c'est grâce à toi (et au groupe aussi, on va pas se le cacher). Un tuyau sans raccord et aux normes, s'il vous plait. Que demander de plus, à part un prochain épisode de nos magnifiques aventures communes ? Avant ça, il faudra être à l'affut des réseaux (quels qu'ils soient) pour te procurer, contre menue monnaie notre fanzine HuGui(Gui) les bons tuyaux saison 1 qui, à l'heure d'achever ces lignes, part dans les rotatives de l'enfer et qui, à l'heure où tu liras cette rubrique, sera entre nos mains ! La suite au prochain épisode du W-Fenec mag donc, et dans un format un peu "surprise". J'ai hâte !

PS : Si la version papier du fanzine HuGui(Gui) t'intéresse, un p'tit mail à l'un des experts en tuyaux et y aura forcément moyen de moyenner.
guidechampi@w-fenec.org
guillaumecircus@hotmail.fr

[fr] NPA, les meilleurs live: Mowno (1 hit)  External  ]

HuGui(Gui) les bons tuyaux / Chronique LP > China Drum / Lodestar

China Drum Salut Gui de Champi, comment s'est passé ton été ? En forme pour attaquer la rentrée et cette nouvelle saison de tuyaux ? T'as réfléchi, mis de côté quelques pépites à faire découvrir aux aficionados de cette rubrique, à moi et à nos éventuels futurs invités ? Bah ouais, tu l'évoquais quand on a démarré l'année dernière, il va falloir convier d'autres Guillaume pour tchatcher musique. Bon, je crois que ça dépendra aussi, beaucoup, de ma propension à rendre mes papiers à l'heure, surtout quand c'est moi qui dois commencer. À ce propos, quand sortira ce numéro 52 du W-Fenec, j'espère que j'aurai mis un terme à la mise en page de notre fanzine papier qui regroupe tous nos échanges de la saison 1, avec un petit épisode bonus des familles. Un fanzine HuGui(Gui) les bons tuyaux, nom de nom ! Mais tu me connais, rien n'est moins sûr. Ahaha ! Mais tu me connais aussi, même si ça prend le temps, j'honore toujours (hum, presque) mes engagements. Sinon, tu n'as pas aimé Wet Leg plus que ça... Ah là là, on en reparle dans quelque temps. Tu finiras bien par craquer, comme tout le monde, héhé.

Allez, on va attaquer cette saison 2 sur les chapeaux de roue, avec un groupe et un album qui figure sans conteste dans mon top 50 ever. Alors oui, ce top serait très vraisemblablement impossible à réaliser mais il y aurait pour sûr Goosefair de China Drum dedans. C'est marrant que ce groupe soit passé sous tes radars car je sais d'avance qu'il représente tout ce que tu aimes. Ils sont anglais, viennent des 90's, font de la power pop punk avec quelques grosses guitares, pures mélodies, refrains imparables... Sur Goosefair, leur premier album sorti en 1996, il y a 14 morceaux affichés pour 15 tubes, pas un de moins. Oui, le compte n'y est pas tout à fait (bien vu, tu as passé le test et peux postuler dans n'importe quel rectorat pour être prof de Maths en collège) mais à l'instar de cette période, il y a une chanson cachée à 30 min de la quatorzième piste, une reprise de Kate Bush. Elle était déjà partout à l'époque, avec ici une version musclée de "Wuthering heights" que je préfère largement à "Running up that hill". Mais perso, c'est avec leur deuxième album, Self made maniac, que j'avais découvert le groupe, grâce tout d'abord à un titre sur un sampler Rock Sound et le CD que j'avais eu ensuite avec mon abonnement au magazine. Je ne vais pas te faire l'affront de te demander si tu te rappelles cette époque mais sans Internet, c'était quand même un bon moyen pour se perfectionner en tuyauterie et faire ainsi grossir sa cédéthèque. Satan seul sait le nombre de groupes que j'ai découverts grâce à Rock Sound (puis aux hors-série Punk Rawk), aux samplers... Arf, mes souvenirs sont troubles, en y réfléchissant, je ne sais plus si c'est ce disque que j'ai eu en m'abonnant ou bien Pure, d'autres Anglais, 3 Colours Red, sorti aussi en 1997 et dans un style très similaire. À moins que ce ne soit les deux. Bref.
C'est marrant car si j'écoute très régulièrement Goosefair (le boîtier CD n'a jamais le temps de prendre la poussière), ces dernières années j'avais pas mal délaissé Self made maniac, ressorti donc pour les besoins de ce papier et force est de constater que dans ce disque non plus, rien n'est à jeter. Même "Stop it all adding up" (la onzième plage) est un petit bijou, "Foxhole" peu avant également, tout comme "Fiction of life", légitime premier single de l'album. Mais si j'avais deux titres à écouter en boucle, ce serait l'excellent "All I wanna be" (mets la #5, mets la #5 !) et le plus fougueux (mais pas que) "Guilty deafness". D'ailleurs, écoute bien le début de ce morceau et la fin, quand ça repart et dis-moi à quel titre de nos bisontins préférés, j'ai nommé Second Rate, il te fait penser. Ahah, je te challenge et te sachant joueur, je suis sûr que tu vas te retaper leur disco pour trouver. Les deux groupes partagent une autre similarité, en plus de références communes (comme Mega City Four, Senseless Things...), c'est qu'ils ont tous les deux un batteur-chanteur. Fait assez rare pour être souligné et généralement c'est soit parce que les autres musiciens ont des chants pas terribles, soit parce que la voix du batteur apporte une véritable plus-value. C'est bien évidemment dans ce registre qu'on se situe avec China Drum, comme c'est aussi le cas avec Snuff, Seven Hate, Satanic Surfers, Hard-Ons au début, pour en citer quelques-uns.
Goosefair, je l'ai acheté peu après, été 98 ou 99 je dirais, quelques dizaines de francs, la première fois où j'ai mis les pieds chez Gibert Montpellier, sans connaître aucune des chansons le composant et dès la première, "Can't stop these things" (que je devais diffuser tous les 6 mois dans mon émission radio), jusqu'à la dernière et reprise cachée de Kate Bush, c'est donc tube sur tube, mandale sur mandale, poils qui se hérissent tout du long. Que ce soit sur des morceaux catchy à la Hüsker Dü / Sugar / Bob Mould (grosse influence chez eux) comme "Simple", "Take it back", avec en plus des petits plans grattes à la Leatherface, qu'on retrouve aussi dans "Find the time", le tube tubesque (oui je ne suis pas à un pléonasme près) "Last chance", l'acoustique "Meaning" ou encore l'émouvant "Biscuit Barrel F.M.R.", tout est parfait. Ça sonne du tonnerre, tout est génialement équilibré, faut dire que c'est sorti chez Beggars Banquet, distribué par Virgin et que le disque avait été mixé par Chris Sheldon. Tu sais, le gars à qui l'on doit le son de Troublegum et d'autres albums de Therapy ?, The colour and the shape de Foo Fighters, des disques de Biffy Clyro, Oceansize et Atomic Garden plus près de chez nous. Je te parle d'eux car c'est Arno, le guitariste-chanteur, énorme fan de China Drum, qui m'a filé un paquet de mp3s inédits provenant de singles ou EPs, notamment le titre "Barrier", tiré de l'EP éponyme sorti avant Goosefair et j'ai halluciné quand j'ai écouté les premières secondes. Lance "The boat" de Chuck Ragan juste après et tu comprendras. Plagiaaaaat !
Je pourrais écrire des tonnes encore sur ce groupe mais j'ai d'autres trucs en retard pour que ce numéro 52 sorte rapidement, j'ai déjà été bien trop disert et je suis curieux de savoir à quel point tu vas t'enthousiasmer pour eux. Quelle chance tu as de poser tes oreilles sur ces chansons pour la première fois ! Profite ! Je rajoute juste pour compléter le tableau qu'ils ont sorti un troisième album en 2000 sous le nom The Drum mais avec une orientation un peu électro et je n'ai jamais eu envie de l'écouter. En revanche, en 2018, ils se sont reformés pour un concert chez eux, dans le Nord de l'Angleterre et j'avais très sérieusement regardé les vols pour m'y rendre... Ce n'est peut-être pas tout à fait perdu car je vois leurs pages Facebook et Bandcamp s'agiter, je sens que ça les démange et qu'on va avoir du neuf prochainement. Tu viendrais avec moi ? Ne regarde pas les LPs sur Discogs par contre, les prix c'est n'imp', même si j'ai pu être tenté, en prenant un incommensurable plaisir à me ré-écouter 10-15 fois ces deux albums pour te/vous transmettre ma China Drumania.

Salut mon pote ! L'été a été chaud sans trop de shows pour ma part. On a bien bossé avec Oli et JC sur le hors-série Hellfest et notre duo a bien envoyé la purée pour l'inédit qui figurera dans le fanzine HuGui(Gui). Pour le reste, j'ai passé l'été au boulot et quelques jours sur les plages du Nord. Pas question pour moi d'aller cramer le peu qu'il me reste sur le caillou dans le Sud (bouhhh). Sinon, très peu de concerts, à l'exception toutefois (et c'est à souligner) d'un show de fin de tournée des amis de Topsy Turvys qui fut, pour l'occasion, le premier concert punk-rock de Victoria. C'est quand même important, non ? Je te confirme également que je n'ai pas passé l'été à écouter Wet Leg, c'est sûr ! Par contre, gros nigaud (c'est affectif, tu le sais), si tu m'avais envoyé ton tuyau China Drum avant, j'aurais pu en profiter pendant l'été !
Clairement, je suis passé à côté de ce groupe. Le nom ne me dit rien, les horribles pochettes non plus, et j'ai beau écouter, je ne crois pas avoir déjà entendu ce joyau de la Couronne (God save the Queen, ah merde, the King, faut que je m'y fasse). À première vue (ou plutôt à première écoute), toutes les cases sont effectivement cochées pour que ça le fasse du côté de mon terrier. Ça rock sans agresser les tympans, ça roll en toute décontraction et ça balance des mélodies sans surjouer. La grande classe. Je capte carrément où tu veux en venir. Et surtout où le groupe a voulu nous emmener : sur l'autoroute du plaisir !
J'ai une nette préférence pour Goosefair, que je trouve plus frontal et plus énergique. Tu me connais, j'ai besoin que ça fasse 1, 2, 3, 4, sans chichi, ni prise de tête, pour que mon petit cœur de rockeur s'emballe. Ça me fait penser à beaucoup de bonnes choses (et pour revenir à un précédent tuyau, à Radkey !). Clairement, ça sonne à l'anglaise, ça ne s'emmerde pas avec les structures biscornues et ça va droit à l'essentiel. Bob Mould et consorts, bien évidemment, mais aussi toute cette scène power pop anglaise qui défonce. Je ne te parle pas d'Oasis ou de Pulp bien sûr, mais bien de Supergrass, Gun ou du 3 Colours Red de Chris McCormack. Tu sais, le petit frère de Danny, le bassiste des Wildhearts (désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher). Le son est bien caractéristique de l'époque (avec quelques abus au niveau de la réverb') et les chœurs sont à tomber par terre. Et même si le son peut paraître un peu faiblard aujourd'hui, ça n'a clairement pas pris une ride. Que veux-tu, quand c'est efficace et authentique, ça ne bouge jamais, hein ? Parmi mes titres préférés, "Can't stop these things" est chirurgical, "Situation" et "Pictures" frôlent la perfection, tandis que "Biscuit barrel" est aussi efficace que le meilleur titre de Hot Water Music et "Last chance" pourrait être sponsorisé par les mouchoirs Kleenex. Et plus j'écoute ce disque, plus je le trouve bon, rafraichissant, typique d'une époque riche en distorsions et en émotions. Une sacrée pépite, dont il va falloir que je me détache assez rapidement pour donner sa chance à Self made maniac, qui m'a l'air un peu plus "fouillis" mais dans lequel je place de grands espoirs. Vivement qu'on puisse rediscuter de tout ça tous les deux !

Pour être complet, je suis allé écouter sur Deezer le nouveau single qui est sorti le mois dernier, et je peux t'affirmer sans trop me forcer que China Drum a encore de beaux restes ! Si ça rejoue sur scène et que ça fait un plateau avec un groupe de Ginger, je t'accompagne sans problème ! Et pour le défi concernant Second Rate, c'était bien tenté mais je n'ai pas été (complètement) piégé ! Ce groupe a autant compté pour moi que pour toi, et ce n'est pas parce que tu as été le premier à commander la discographie complète en vinyle chez Kicking Records (j'étais le numéro deux, confirmé par Mr Cu!) que tu dois te permettre ce genre de distractions avec moi. Non mais ! Je te rappelle que j'ai vu quatre concerts sur cinq du "Reunion tour" et toi, "seulement" trois. Na !!! Belle pioche mon gars, et encore un joli défi pour moi d'aller gratter le fond des bacs pour choper les skeuds chez un disquaire. En tout cas, je peux le crier sur tous les toits, China Drum m'a bien chicoté (si tu regardais plus souvent les matchs du Racing Club de Lens, tu saurais ce que cela signifie min gars !).

Lodestar De mon côté, je pense prendre un risque avec mon tuyau, mais ce qui est intéressant, c'est qu'on ne va pas quitter le Royaume-Uni (plus pour longtemps) et la fin des années 90s. Mon tuyau s'appelle Lodestar, à ne pas confondre avec un autre Lodestar, groupe canadien qui a sorti un album il y a quelques mois dans un genre doom rock un peu atmosphérique. Tu me diras que les Canadiens sont pas bien malins d'avoir chopé le même nom qu'un autre groupe. Le truc, tu vois, c'est que "mon" Lodestar est tellement confidentiel et sa carrière si éphémère (quelques mois seulement) qu'il était facile de faire cette boulette.
Ouais, mon tuyau, qui a pourtant reçu toutes les habilitations pour sa mise sur le marché, ne semble pas avoir été un franc succès. Et pourtant, je peux te dire qu'au cours de l'année 1996, quand je suis tombé sur ce disque sans nom, j'ai pris une baffe monumentale. Tu sais, on dit souvent qu'on se rappelle précisément ce qu'on faisait quand on a appris une catastrophe ou un évènement qui bouleversa le monde (comme l'explosion des tours jumelles le 11 septembre 2001 - putain, il y a précisément 21 ans jour pour jour - ou le jour où je t'ai recruté dans la team du W-Fenec). À toute proportion gardée, je me souviens avec une précision chirurgicale des instants qui ont précédé l'écoute de ce disque. On zonait avec quelques potes à la Fnac après la cantine, et un type de ma classe de terminale, après avoir enfilé un casque à une borne d'écoute, repose ledit casque et me dit : "Tiens Gui (à l'époque, je ne portais pas encore la particule "de Champi"), ça devrait te plaire". Je ne me souviens plus du prénom de ce pote de lycée mais gloire à lui pour ce tuyau en or massif. Cette intro de "Another day", premier titre de la galette, m'a tétanisé. Plus rien n'avait d'importance autour de moi, seuls comptaient cette batterie puissante, cette basse slappée, ces guitares incisives et ce chant hypnotique mais néanmoins véner. Un bouillon de culture qui allait (et me fait toujours) chavirer. Il faut replacer dans le contexte : nous sommes en pleine période fusionnante, Urban Dance Squad a sorti les années précédentes des albums stratégiques, la bande originale de Judgement night résonne encore dans tous les esprits, et le néo-metal va bientôt exploser à la face du monde. Lodestar, c'est un mélange hybride qui peut faire penser aux meilleurs groupes de fusion du monde, à Faith No More ("Wait a minute") et même à... allez, je me lance... Asian Dub Foundation ("The representative"). Ce disque est percutant, troublant, jouissif et parfaitement parfait. Pour en savoir plus, j'ai fait avec les moyens du bord, et je pense avoir trouvé une chronique dans un Starter (cette feuille de chou que tu pouvais trouver dans un certain réseau de disquaires, les mêmes chez qui j'allais glaner tous les ans les compilations du Fair) et c'est ainsi que j'ai appris que Lodestar provenait de la scission de Senser. Là, tu vois de quoi je parle. En effet, le chanteur Heitham Al Sayed et le batteur John Morgan ont quitté le cultissime groupe anglais auteur de l'excellent Stacked up pour former Lodestar. Ça a sorti quelques singles, un album, ça a joué en Angleterre et puis c'est tout. Finito, basta, rentrez chez vous, y a rien à voir. Là, pour le coup, c'est certain que ça ne se reformera pas, au contraire de Senser qui a remis le couvert au début des années 2000 avec le retour au bercail des deux dissidents.

Petit aparté pour te parler de Senser avec quelques petites anecdotes dont tu raffoles. En 1998, et alors que le chanteur avait quitté le navire, le groupe (ou ce qu'il en restait) a sorti un de mes albums préférés de toute ma vie, le génial Asylum. Pile dans la période où le chant un peu tordu, les guitares tranchantes mélangées aux machines me rendaient dingue. Avec Asylum (que je suis en train d'écouter au moment même où j'écris ces lignes, avec les poils des bras qui s'hérissent !), j'ai été servi. Mon pote Mourad en première année de fac (lui, je me souviens de son prénom, un chic type bien calé niveau rock !) m'avait vanté les vertus de ce disque. J'ai été hypnotisé, vraiment (et je peux te dire que ce disque n'a pas pris une putain de ride). Et figure toi qu'en checkant la programmation du NJP (Nancy Jazz Pulsation, festival de jazz se déroulant en octobre avec toujours une soirée blues, une soirée rock,...), je me rends compte que Senser va jouer sous le chapiteau de la Pépinière de Nancy, bien calé entre, accroche toi bien, Zebda et 16 Horsepower. 1998, l'année de l'éclectisme ! Zebda vient de sortir quelques semaines plus tôt Essence ordinaire et j'ai chopé des places à 10 balles, mises en vente chez Tati. Je te parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Bref, la soirée (un mardi soir) s'annonce explosive et je me régale d'avance. Deux soirs avant, je me rends à mon boulot d'étudiant (veilleur de nuit le dimanche soir dans l'hôtel familial) et quand je me pointe pour prendre ma garde, ma tante tire un peu la tronche. Elle m'explique qu'elle doit préparer pour assez tard le lendemain des petits déjeuners. "C'est pour un groupe de rock. Zebda, que ça s'appelle, tu connais ?". Un peu mon neveu, ou plutôt ma tante. Bref, elle lève le camp, les gars reviennent dans la soirée, prennent leurs clés à la réception et quand je leur demande s'ils sont bien le groupe Zebda (histoire d'entamer la conversation, car je sais bien que c'est eux !), je regarde les trois chanteurs dans les yeux et je leur dis : "Les gars, depuis que j'écoute l'album, j'ai tombé la chemise". Le disque est sorti depuis peu et ce fameux morceau n'est pas encore en heavy rotation sur les ondes ! Les gars se marrent, on discute, m'invitent au concert (ce qui me permettra d'inviter deux potes car j'ai déjà ma place) et quand je les recroise avant le concert, les gars s'excusent s'ils ont fait un peu trop de bruit à l'hôtel ! Bref, revenons à Senser. Le concert a été génial, et quand le groupe a commencé à jouer le morceau "Adrenalyn" (extrait du deuxième album), je me suis pertinemment demandé comment ils allaient retranscrire cet OVNI sur scène. Ils l'ont fait, et de quelle manière ! Un super concert.
Mais revenons à Lodestar. Comme je te disais, le groupe est parti aussi vite qu'il est arrivé, ce qui ne m'empêche pas d'adorer ce disque. Parmi mes ceaux-mor préférés, "Another day" (évidemment), "Better late than never" (qui est pourtant le seul morceau ultra bluesy funky qui n'a rien à voir au milieu de la tracklist lugubre de l'album), "Down in the mud" (ce riff de guitare, man !), "Wait a minute (c'est un slogan de foot ça aussi, non ? Le pont mélodique est à tomber) et "The representative" (plus malsain, tu meurs !). J'espère de tout cœur que tu prendras autant de plaisir à écouter ce disque (qui sonne typiquement 90s) que j'ai eu à t'en faire la promotion (ce qui, au vu des prix du cuivre et de l'alu en ce moment, n'est pas de refus). Ici Champi (enfin Villers, mais Gui de Villers, ça sonne pas top), à vous les studios !

Hé, oh ! Ici c'est Paris ! "Studio"... nan mais, j'habite dans un F2 moi, môssieur De Champi ! Tu vas d'ailleurs bientôt le voir, à l'occasion de ta virée à la capitale. Tu pourras récupérer les moults CDs, vinyles, K7, livre, fanzines que j'ai récupérés, stocke pour toi et on discutera plus en détails de China Drum, que tu auras mieux digéré d'ici là. J'ai prévu de te sortir quelques B-sides pour le digeo et tâcherai de ne pas (divul)gâcher des futurs tuyaux.
Je vois qu'on parle la même langue en ce qui concerne les Anglais mais ce n'est pas franchement une surprise, j'étais sûr de mon coup. Et tu n'es presque pas (mais un peu quand même) tombé dans mon piège Second Rate. C'était au titre "Inside me" que je pensais, inédit dispo à l'époque (2002) uniquement sur un CD maxi promo pour Le Printemps de Bourges et donc désormais sur cette magnifique réédition LP de leur (presque) entière discographie chez Kicking Records, depuis 2014. À jamais le premier pour ce qui est de cette commande. C'est pas un slogan connu, ça ? Héhé... Sport, spectacle, business dont j'ai de moins en moins à foot, notamment à cause du dernier aspect, difficile à occulter et qui gâche absolument tout pour moi, avec les sommes démentielles mises en jeu et les comportements hors sol de certains. Mais oui, je peux avoir une affection particulière pour des outsiders, qui semblent plus authentiques comme "ton" R.C. Lens chéri ou "mon" AJ Auxerre de cœur, le stade Abbé Deschamps étant le premier où je sois allé gamin, ayant grandi dans l'Yonne. Pas de blague moisie avec Emile Louis, hein, j'habitais à 50kms au nord.
Décidément tu perds pas une occasion pour placer Ginger et/ou The Wildhearts ! C'est de bonne guerre, je fais pareil avec Second Rate, Samiam ou Hot Water Music dès que je peux. En revanche, tu m'as appris pour la filiation ou plutôt fratrie avec 3 Colours Red. Je ne savais pas, n'étais jamais tombé sur cette info mais c'est assez cohérent.

On reste donc en Angleterre et 1996 avec ton tuyau. Encore une fois, il semblerait que les grands esprits se rencontrent, même si je dois avouer que tu as pris de gros risques sur celui-ci. Quand j'ai lancé "Another day", j'ai été plus que décontenancé. Parce que le crossover, fusion et la basse qui slappe, c'est pas franchement ma came. Et alors disons le tout net, je ne vais pas me faire que des amis (surtout parmi la team W-Fenec) mais le neo metal, qu'il soit français ou américain, je l'abhorre. Oui oui, ce mot est correctement écrit. Il y a quand même quelques groupes (de fusion) qui ont trouvé grâce à mes yeux et mes oreilles, à cette époque, comme bien sûr Rage Against The Machine et Urban Dance Squad en tête, loin devant les autres prétendants. Mais aussi Bodycount, Infectious Grooves, Sugar Ray (et cette pochette bien sexiste et beauf avec le recul mais bon, quand t'as 15 ans, Nicole Eggert fait son effet...), H-Blockx (tu te rappelles ces Allemands et leur "Time to move" ?), un peu de Downset ("Anger") et donc Senser ("The age of panic"). Chouette song. Mais Lodestar m'était complètement inconnu au bataillon. Je ne pense pas acheter le CD si je tombe dessus en farfouillant les bacs à soldes (pas grand-chose ne vaut ce petit frisson quand tu tombes sur une pépite à quelques euros) mais ce serait mentir que de dire que je n'ai pas passé un agréable moment en écoutant ce disque. Et ce sont les mêmes morceaux qui m'ont marqué, avec une préférence pour "Better late than ever". Il démarre en effet bluesy mais enchaîne très vite avec un côté speed funk, à la Cyco Miko / Suicidal Tendencies, puis retour à nouveau au bluesy groovy, puis passage chanté à la Faith No More et ça repart à toute berzingue pour finir, le tout en 5 minutes. On n'en fait plus des morceaux comme ça. Dans l'ensemble, j'aime bien le début de l'album, moins la deuxième partie, perdant pas mal en intensité, hormis "Down in the mud", qui réveille le headbanger qui sommeille en moi avec son riff de malade pendant toute une minute.

Merci pour ce tuyau en tout cas, ça m'a donné envie de ressortir quelques disques des groupes susnommés et la B.O. de Judgement night, achetée il y a quasi un an, en fouinant les bacs de chez Gibert St-Michel... avec toi. La boucle est bouclée mais on en rouvre une nouvelle au prochain numéro. J'ai déjà hâte !

HuGui(Gui) les bons tuyaux / Chronique LP > Swain / Wet Leg

Swain (band) Mon cher Guillaume Circus, je suis vraiment incorrigible. À peine le temps de digérer le gargantuesque numéro 50 du W-Fenec (et de profiter de cette géniale découverte qu'est Cutlass Supreme) qu'il est temps de repartir au charbon ! Je suis sûr que tu trépignes d'impatience de découvrir mon nouveau tuyau qui, crise sanitaire et contexte économique ultra-sensible, vaut de l'or. Pas de pacotille ici, et tu le sais. Autant ma précédente recommandation sentait le soleil et le fun américain, autant pour ce coup-ci, il va falloir avoir le cœur bien accroché. Je t'emmène du côté des Pays-Bas, contrée qui a le luxe de compter dans ses rangs Urban Dance Squad, NRA, et Cooper. Et ce n'est pas rien. Mais il va falloir que tu comptes désormais sur Swain.
Je tiens mon tuyau de mon ami Nico (The Early Grave/Whales of the Crossroads/Muscu). Il n'a pas le bon prénom pour participer à cette rubrique mais le gazier n'est pas avare de bons plans. Et lors d'un échange de sms en 2019 ou 2020, le nom de Swain est sorti. J'ai profité d'un temps libre pour lancer la lecture de The long dark & blue, deuxième album du quatuor (alors trio) batave. Et là, grosse baffe dans la gueule. En mode revival grunge/punk aiguisé/noise pop. Oui, oui, rien que ça ! Et je peux te dire que ce disque, je l'ai poncé ! Bien que datant de 2016, cet album est encore bien frais, le tout sans conservateur. Une succession de tubes en toute décontraction ! Dès "Hold my head" alternant chant rugueux et voix en mode comptine, le ton est donné. Le groupe mélange sans sourciller une basse pachydermique, des guitares aérées et des mélodies vocales inoubliables. Et quand tu places en troisième plage le tube noisy punk par excellence, tu sais que le game est plié. "Punk-rock messed you up, kid" que ça s'appelle, et c'est sacrément bien trouvé. On sent de grosses influences 90's ("Kiss me hard" sent bon l'air saturé de Seattle, tout comme "It's a strange way down") et le passé hardcore du groupe refait surface sur quelques bombes imparables ("Faze me", le prenant "Hoping for it"). C'est varié, bluffant, déconcertant, subtilement bancal par moment, mais ça tape toujours dans le mille. Tu vas pouvoir y trouver ton compte, j'en suis sûr. Ah, au fait, c'est produit par J. Robbins (Government Issue, Jawbox, Burning Airlines) !
Tu me connais, je suis un grand curieux, et comme le skeud date de 2016, je suis allé écouter ce qui s'est passé avant et après. Et tel un chat, Swain, s'il continue sur sa lancée, aura sept vies. Il en a déjà eu trois... en trois albums. Je vais tout de suite balayer l'incompréhensible troisième album, aussi déroutant que hors sujet (pour ma part). M'attendant à un disque un peu foufou et saturé comme son prédécesseur, je suis bien tombé par terre, au point de vérifier à plusieurs reprises si je ne m'étais pas trompé de disque. Là où The long dark & blue est clairement assimilé à la scène de Seattle, Negative space vire du côté de Radiohead période chiante (c'est-à-dire de 2001 à maintenant). Vraiment relou. Du coup, je suis vite monté dans ma DeLorean pour aller écouter Howl, datant de 2013 mais dans la version bonus agrémentée du maxi Heavy Dancing, réédition parue en 2019 que j'ai pu choper en LP chez Coretex en Allemagne. Et là, ce n'est pas la même came. On est dans le dur mon gars. Dans le crasseux, le hardcore à tonton (tu sais, celui qui est en taule), avec les guitares qui dégueulent, les larsens qui ne s'arrêtent jamais, avec le basse/batt' le plus massif qu'il m'ait été donné d'écouter depuis de nombreuses années. Aussi jouissif que percutant. Je ne suis pas sûr que tu adhères au disque, mais je pense qu'il est indispensable que tu l'écoutes pour capter l'évolution du groupe. Voilà le skeud que je n'écoute pas en famille, mais qui est parfait après une journée bien reloue. 16 morceaux, 27 minutes de musique oppressante, de voix glauques et de morceaux tendus qui te collent à la peau. Si je ne devais en choisir qu'un (alors que je les aime tous), ce serait "I wake to see the world go wild", massif mais peut-être un des plus abordables. Pas certain que le groupe joue encore sur scène, au milieu de ses nouveaux morceaux un peu mielleux, ces bombes nucléaires. Ah, au fait, c'est produit par Kurt Ballou (Converge) !

Un tuyau, Swain mais deux disques différents et paradoxalement complémentaires. Genre, tu prends une baffe, tu tends la joue, mais derrière, tu prends un bourre piff à t'en faire péter les dents. Radicalement efficace. Je te laisse reprendre les esprits et ta respiration, et j'attends ton avis sur tout ça ! En attendant, je vais redonner une chance à Negative space.

Salut mon Mistletoe by Champi ! Ahah, maintenant je sais comment on dit « gui » en anglais. Pour expliquer à nos lecteurs/rices la private joke, mon pote Sasha de Cutlass Supreme, dont il était question dans le précédent tuyau, a traduit via Google Translate notre papier et l'a mis en ligne, en gardant la même mise en page. C'était assez bluffant (mais il est infographe, ça aide) et le Gui de Champi est donc devenu Mistletoe by Champi. Voilà pour la blague.

Une fois n'est pas coutume mais encore plus que les autres fois, on va être complètement en phase. J'ai bien kiffé Swain. Quand j'ai voulu me pencher sur ce tuyau, deux mois après que tu me l'aies envoyé (hum. no comment), il se trouve que tu avais oublié de joindre ton fichier texte. Je ne vais pas te jeter la pierre, ça m'arrive souvent aussi et à chaque fois je me déteste quand je m'en rends compte. Je n'avais donc que le nom du groupe pour m'aiguiller et je tombe sur une page bandcamp. Je lance ce qui semble être le dernier album en date et je dois confesser avoir été plus que circonspect. Hein ? Quoi ? C'est ça le groupe que tu veux me faire découvrir ? Heu. c'est quand même vraiment pas jojo ! Tu m'avais habitué à mieux dis donc. Et ça sonne en effet comme du sous Radiohead. Véridique, c'est la première impression que j'ai eue en écoutant "Negative space", l'intro de "But then what ?" et les autres chansons du même acabit. Comme quoi, l'expression qui veut que les grands esprits se rencontrent n'est pas galvaudée nous concernant, héhé. J'avais peur de m'être trompé, cherchais un autre groupe se nommant Swain et puis tu m'as répondu. J'ai lu ton incompréhension à l'écoute de ce troisième album et la ferveur qui t'animait sur les deux premiers et suis revenu dessus, en poursuivant donc l'ordre inversement chronologique avec The long dark blue. Et là j'ai compris. Je valide 100% de ce que tu as écrit et n'ai quasiment rien à rajouter. Les premiers morceaux m'ont accroché direct et "Punk-rock messed you up, kid" est effectivement un bon gros tube catchy, noisy et punky. Il y en a d'autres plus mélodiques comme "Never clean my room", toujours aux accents Radiohead et qui leur a servi de single même si ce n'est pas le meilleur titre de l'album ou bien "Secrets inside" avec un côté power pop à la Weezer mais je leur préfère de loin "Kiss me hard" qui n'aurait pas démérité sur une face B de Nevermind ou mieux encore, quand s'exprime davantage leur aspect torturé, vicieux et plus crade comme sur "Faze me". Et à ce titre, déjouant tes pronostics, je crois que j'aime davantage Howl, plus écorché, plus brut, plus criard. La rythmique, les guitares tranchantes, le chant, tout te saisit à la gorge pour ne plus te lâcher de la première à la dernière seconde, avec en point d'orgue "I wake to see the world go wild" (tout un programme, clairement affiché) comme tu l'as bien mentionné ou encore "Don't let them".
En tout cas les gars se sont bien fait plaiz' avec Kurt Ballou à la prod pour leur premier skeud et J. Robbins pour les suivants et c'est marrant mais je te rejoins là-dessus, on dirait presque trois albums de trois groupes différents. C'est assez déroutant. Marrant aussi que ça sorte sur End Hits Records, label Allemand dont je ne connaissais pas l'existence il y a encore quelques mois, quand j'ai précommandé le dernier LP de mes chouchous, pas Samiam cette fois mais Hot Water Music. Va falloir creuser davantage parce que c'est comme ça qu'on fonctionne, nous autres dénicheurs de tuyaux. Quand y a deux bons groupes sur un label, tu peux être certain qu'il y en a d'autres. Sinon ça ne m'étonne pas que ton ami Nico (que je connais plus musicalement que personnellement) t'ait branché là-dessus, ça semble bien sa came et il peut être de bons conseils. Tu es sûrement passé à côté de son post Fb où il parlait de Kali Masi (goupe indie punk de Chicago) mais pas moi. Chouette découverte et ascenseur émotionnel quand j'ai appris leur venue à Paris le 9 juin puis l'annulation de la tournée européenne récemment. Je suis tristesse, je suis déception mais ce n'est pas d'eux dont je vais te parler maintenant. Non. On va causer de Wet Leg.

Wet Leg (band) Un bon grand écart donc avec le précédent, Cutlass Supreme, qui doit être connu par une poignée d'initiés (un peu plus désormais grâce à nous) alors que ces dernières font un sacré buzz et ramdam en ce moment : couverture de Rock & Folk de mai, concert sur Arte, playlist France Inter, programmation aux Eurocks, au Cabaret Vert, à la Route du Rock. bref, tout pour me déplaire. Ahaha ! D'ailleurs c'est pour cette raison que j'ai mis un peu de temps à m'y mettre. Mon côté punk probablement, ne voulant céder, suivre la hype. Quand il y a consensus, je trouve ça louche et m'en éloigne généralement. Je ne vais quand même pas avoir les mêmes goûts que la plèbe et encore moins en ce qui concerne la musique ! Nan mais. Généralement, par curiosité je m'y aventure quand même quelques mois, années, après mais c'est rare que je change d'avis. Dernièrement j'ai par exemple tenté de jeter une oreille à Idles, Fontaines D.C., Shame pour comprendre mais non, rien n'y fait. Début janvier j'ai donc lancé sans grande conviction le clip "Chaise longue", dont le titre m'interpellait néanmoins. Et bim, j'ai adoré ! Je l'ai regardé 3-4 fois d'affilée, puis j'ai cherché sur Youtube ce qu'iels avaient sorti d'autre, suis tombé sur "Wet Dream" et ai été définitivement conquis. Ces deux morceaux auront suffi. Normal, ce sont les meilleurs. Peut-être que si je m'étais contenté d'écouter les titres, l'impact n'aurait pas été le même mais j'aime tout dans ces clips (et te conseille de découvrir Wet Leg ainsi). J'aime l'ambiance positive et assez fun qui s'en dégage, le côté un poil loufoque, décalé, humour british (le groupe vient de l'île de Wight), les couleurs et les paysages bucoliques, la complicité espiègle entre les deux guitaristes/chanteuses Rhian Teasdale et Hester Chambers, les paroles avec quelques gentillets sous-entendus sexuels : « Mommy daddy [.] I went to school and I got the big D » (pour degree = diplôme, bien sûr !) et tout le reste bourré de second degré et last but not least, la musique qui est carrément entraînante. Impossible de ne pas esquisser une comparaison avec les Breeders car on est dans ce créneau alternative rock là (avec moins de disto) mais on fait pire comme référence. C'est simple, basique mais ô combien efficace ! Le groupe étant tout récent, il n'y avait pas grand-chose à grapiller, leur premier album étant prévu pour avril 2022. J'ai donc poncé les quelques singles sortis autant que je le pouvais, me jetant sur les nouveaux clips qui arrivaient tous les mois ("Oh no", "Angelica", "Ur mum" avec cet uppercut féministe et caustique dès les premières lignes «When I think about what you've become, I feel sorry for your mum, You say we're all having fun, Do you know you're the only one ?» ), qui sans avoir la force de frappe des premiers ne faisaient que conforter tout le bien que je pensais de Wet Leg. Ah oui, j'ai bien sûr regardé dès janvier s'il y avait un concert de programmé prochainement et c'était le cas en mai au Point Éphémère. complet. Grrh ! Une date à l'Élysée Montmartre a été annoncée récemment et j'ai pris ma place direct. Les extraits live que j'avais pu voir sur YT n'étaient pas toujours géniaux, un poil bancal, timide mais celui d'Arte dont je parlais plus haut est lui ,carrément top ! Ça va être la folie en novembre !
Alors certes, l'album n'est pas parfait (je me suis fait plaisir en chopant le LP pas trop cher, c'est-à-dire à l'heure actuelle moins de 25€, avec au passage le dernier cd de Machine Gun Kelly (pop punk mainstream à la Blink-182), certes, ce groupe coche un peu toutes les cases du truc indie marketé pour réussir, qui plus est à l'heure post Metoo mais j'ai vraiment la sensation que rien de tout ça n'est calculé. C'est fait avec une réelle passion, sincérité et tant mieux si ça fonctionne. C'est le cas avec moi, j'espère que tu vas te laisser convaincre toi aussi mon cher mistletoe et encore bien ouéj pour ton tuyau Swain, plus que validé.

Bien content pour Swain et un peu surpris tout de même que tu accroches plus pour l'album le plus brutal et, n'ayons pas peur de dire les mots, bien malsain. Connaissant tes goûts plus sucrés qu'acidulés, c'était pour moi presque une évidence que tu enchaînes les écoutes de The long dark blue. Comme quoi, après tant d'échanges de devis pour trouver la meilleure came inoxydable, nous avons encore tellement de choses à apprendre l'un de l'autre ! D'ailleurs, à ce sujet, « je sais que tu sais que » je suis le premier à succomber au chant des sirènes quand s'entrecroisent des guitares, des mélodies et une section rythmique plus ou moins insistante. Ma femme me rappelle d'ailleurs à de rares occasions mais bien évidemment en public que j'avais en son temps loué les mérites de The Rasmus. Une trace rédactionnelle est d'ailleurs consultable dans les pages numériques du W-Fenec. Erreur de jeunesse. Mais là où tu ne me connais pas encore assez, c'est que je suis peut-être faible mais pas dupe. COMPRIS ??? Désolé d'être un peu sanguin, mais je ne comprends rien à Wet Leg. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, rien n'y fait. Et pourtant, j'ai suivi le cahier des charges à la lettre : d'abord les clips, ensuite le live sur Arte puis le disque. Aucun effet. À part un peu de sidération et d'incompréhension. Les mots peuvent sembler excessifs, mais j'ai vraiment essayé. À plusieurs reprises. En me disant que ça venait certainement de moi. Ma conseillère spéciale pour la vie (tu sais, cette charmante personne qui me rappelle à de rares occasions mais bien évidemment en public que j'avais en son temps loué les mérites de The Rasmus) n'a pas non plus saisi le truc. Le fait d'être des quadras est-il un paramètre pour ne pas saisir la hype autour de ce groupe (hype qui ne m'a pas intoxiqué, n'ayant jamais entendu parler du duo avant que tu ne m'en touches un mot) ? Ou alors, j'étais trop excité par ton jubilatoire tableau de la situation ? Je n'en sais fichtre rien. Au moment où je rédige mes impressions concernant Wet Leg, j'en suis à une bonne dizaine d'écoutes et je dois quand même te faire une confidence : à la (chaise) longue, certains titres me parlent quand même. "Wet dream", par exemple, est un tube, c'est vrai. "Ur mum" aussi. Ainsi que "I don't wanna go out". Mais...qu'est-ce qu'il me prend ????? Je succombe à Wet Leg !!! Tel Jonathan Chase dans Manimal, suis-je en train de me transformer en mouton ? Mais non, je blague ! Les titres précités sont divertissants, fun, légers, mais de là à crier au génie, ça sera sans moi. Aucun problème pour reconnaître une démarche sincère, mais désolé, je ne rentre pas dans le délire. Et je ne vais pas t'en vouloir pour cette fois de trouver des similitudes avec les Breeders (comme Rock 'n' Folk d'ailleurs, car oui, j'ai bossé le dossier à fond et suis allé lire le papier du numéro de mars), même si tu touches à une institution. Je suis un peu dur, je veux bien le reconnaître, mais ce tuyau ne sera pas en tête gondole de ma rockothèque. En attendant, je vais aller me réécouter I want to grow up de Colleen Green, ça me fera le plus grand bien. Et fais-moi plaisir d'aller jeter une oreille sur Veruca Salt, c'est la dernière fois que je te le dis. Punk-rock messed me up, mon gars. Mais pas Wet Leg, tu peux en être sûr ! On se retrouve à la rentrée pour de nouvelles aventures mon cher Guillaume Circus !

HuGui(Gui) les bons tuyaux / Chronique LP > Cutlass Supreme / Knuckle Puck

Et bien... Ça alors ! Très honnêtement, je n'aurais pas cru que tu serais aussi à fond sur Colleen Green. Je n'avais aucun doute sur son potentiel de séduction (et entendons-nous bien, je parle évidemment de musique) mais je ne pensais pas que ce serait ta came à ce point. Cool ! Ok, c'est noté, je vais continuer à gagner ta confiance mag' après mag', repousser tes limites et tout d'un coup, bim, je te balancerai vicieusement un petit Cobra 06130 en force de derrière les fagots. Ahaha !

Cutlass Supreme - bansuelo Bon allez, on sort encore quelque peu du punk rock (même si les bases sont là) pour ce nouveau bon tuyau, j'ai nommé Cutlass Supreme. Je ne te demande même pas si tu connais, j'ai déjà ma réponse. Je fais le malin mais à défaut des vieilles voitures ricaines, c'est un obscur groupe que je ne connaîtrais pas moi non plus si mon pote Hugo les bons tuyaux (dommage pour lui, il ne s'appelle pas Guillaume) ne m'avait pas demandé il y a quelques années d'héberger son vieil ami Californien Sasha Loobkoff. Il était de passage sur le vieux continent pour la petite sauterie musicale qu'Hugo faisait pour ses 50 piges à Montpellier. Son nom te dit peut-être quelque chose. Sasha est le frère jumeau de Sergie Loobkoff, guitariste des légendaires Samiam. Enfin pour moi et quelques autres fans, pour le reste du monde c'est juste une bande de losers plus ou moins bedonnants. Bon, là on parle surtout du chanteur Jason car Sergie on a l'impression qu'il n'a pas bougé depuis 30 ans... une sorte de Benjamin Button du punk rock. En plus de Samiam, on l'a retrouvé dans quelques autres groupes typés emo 90's classieux comme Knapsack, Solea, Racquet Club (coup de cœur de Fra Ravi / Burning Heads / The Eternal Youth l'année dernière) ou encore plus récemment Ways Away. Mais assez parlé de Sergie, même si je pourrais écrire des tartines sur Samiam (y a un album qui arrive cette année normalement, inch'Allah, ça sera la bonne occas') et revenons à Sasha et Cutlass Supreme. Quand il a squatté chez moi en 2015, il venait tout juste de sortir un disque avec un autre groupe, obscur lui aussi, Lake Effect. J'ai écouté, c'était sympa mais sans plus, dans un genre indie rock shoegaze. Sasha m'a également parlé d'un autre groupe qu'il avait 15 ans avant, au registre musical similaire et du nom de Cutlass Supreme. Moins prolifique que son jumeau, certes mais bien talentueux lui aussi mon Sasha. J'ai accroché direct à ce qui était sur bandcamp. Un EP et un mini album (huit titres) au compteur, l'excellent To the mud from stars (2002), qui s'ouvre avec le splendide "Words I've never heard". Une intro cool, des grosses guitares nineties qui arrivent au bout d'une minute, qu'on retrouve aussi sur "Burn the stereo"... de toute façon il n'y a pas grand-chose à jeter dans ces chansons. Surtout au début (j'arrive même à adorer "Last in line" malgré le piano et les 5 minutes du morceau, c'est dire !), la fin étant peut être un poil moins tubesque, je le concède. C'est en tout cas comme ça que j'aime mon rock. Efficace, mélodique, sincère... et ça tombe bien, il se trouve que les gars se sont retrouvés début 2020 pour remettre en boîte des morceaux, avec le même ingé son. Andy Ernst, qui a travaillé avec Green Day, Rancid, Screeching Weasel, AFI... on est pas mal là, hein ? Le covid, le confinement et le cancer ont malheureusement quelque peu modifié leurs plans mais ils ont pu enregistrer un nouvel EP, quelques semaines avant le décès de leur bassiste Joe Bansuelo, mercenaire à la quatre cordes dans 7 Seconds au milieu des années 80. Quand je te disais que les bases du punk étaient là ! L'EP lui est dédié, porte son nom et son avant-bras tatoué en pochette et quand on écoute les trois titres on regrette qu'il n'y en ait pas davantage. Trois titres, trois tubes, ni plus, ni moins, bien au contraire ! Ils ont repris leur formule gagnante et l'ont porté à un niveau encore supérieur. Riffs, arpèges, rythmique et chant inspirés (ça c'est pour l'aspect indie rock), quelques accords qui trainent (pour l'aspect shoegaze)... rien de sensationnel mais ça transpire la sincérité par tous les pores et là encore, on arrive à avoir un morceau de plus de 5 minutes, "Key of H" (clipé lors de l'enregistrement), sans que je ne m'ennuie une seule seconde.
Est-ce utile de te filer (et à nos lecteurs et lectrices) le tuyau d'un groupe qui ne fera sûrement plus rien, n'a même pas prévu de sortir le disque en version physique, j'avoue que je n'en sais rien. Mais ce que je sais c'est que j'ai pris beaucoup de plaisir à écouter ces titres en boucle quand ils sont sortis, que je les lance régulièrement, que c'est avec tout autant de plaisir que je me les suis remis plusieurs fois pour rédiger ces lignes et j'espère qu'il te plairont. Ca va le faire, je suis plus confiant que pour Colleen, héhé...

Salut Guillaume Circus ! Je t'ai surpris pour Colleen Green ? Et bah, comme quoi tu ne me connais pas encore autant que ça ! En fait, pour être tout à fait honnête, si tu m'avais fait un descriptif de la musique de Colleen Green plutôt que de m'envoyer direct du son, je n'aurais peut-être pas été aussi chaud pour poncer allègrement ton tuyau. Comme quoi, les surprises, ça a du bon. Tu es un homme de goût, et je n'ai pas besoin d'écouter Cutlass Supreme pour te dire que j'adore ! Naaaaan, je blague. Mon lecteur de stream favori a trouvé la référence dans sa base de données, c'est déjà bon signe (même si j'ai l'impression qu'on est dans le confidentiel avec 7 "fans" au compteur). J'ai lancé le fameux Bansuelo tout en lisant tes lignes qui transpirent la passion, et j'ai compris. Oui, j'ai compris pourquoi toi comme moi, on peut être marqué, époustouflé et même renversé par un groupe, un disque, un morceau. Nous appartenons, mon cher Circus, à cette famille d'individus (au bon ou au mauvais goût, peu importe) qui peuvent en un instant basculer dans un état second à l'écoute de quelques notes de musique si brillamment assemblées. Cet EP de douze minutes m'a profondément touché. L'histoire que tu viens de me raconter sur la genèse et le sort de ce disque est tout simplement bouleversante, et je me régale d'enchaîner les visionnages de "Key of H" sur Youtube. Ce titre est un poil bancal, ça transpire la sincérité comme tu le dis si bien, et on a vraiment l'impression que les types se sont réunis en studio pour croiser le fer entre amoureux de zik. Cette session d'enregistrement allait être la dernière du groupe dans cette configuration, et ça fait autant frissonner que la musique. Et quelle musique ! Tout y est : la mélodie vocale qui te donne la chair de poule, la basse géniale au médiator tout en allers, les guitares qui te parlent en te regardant droit dans les yeux et te tirent une larme à l'œil. C'est simple, direct, sans artifice (ou très peu) et c'est surtout génial. Alors oui, tu as raison, ça peut faire un peu érudit mais franchement, on s'en branle. Toi et moi n'avons pas la science infuse, mais c'est notre devoir de citoyen du monde du rock 'n' roll que de propager la bonne parole et surtout, SURTOUT, parler des groupes qui méritent d'être entendus. Et écoutés. Je suis bien entendu aller checker les vieilleries (à savoir l'album de 2002) et sans surprise, on est sur les mêmes bases de la classitude incarnée. En tout cas, et sans te manquer de respect, je pense être plus objectif que toi sur le coup, car je ne connais pas (personnellement ou musicalement) Sasha Loobkoff, pas plus que. son frère Sergie. Oh, attends, reprends ton souffle mon ami ! Je t'ai déjà dit, peut-être à demi-mot et sans m'en vanter, que j'avais certaines lacunes ou plutôt une lacune certaine quand il s'agit de causer de Samiam. Et pourtant, j'ai passé du temps dans le van des Flying Donuts qui vouaient une passion pour ce groupe (et pour Hot Water Music, dont je me sens plus proche). Mais je n'ai jamais creusé le sujet et (attention à ne pas t'étrangler) je crois n'avoir pas plus accroché que ça. Tu sais, Samiam, pour moi, c'est le genre de groupe dont tes potes te parlent sans arrêt, tu crois que c'est le groupe du siècle et en fait, au moment où tu écoutes, ça fait pschitttt. Un peu comme toi avec The Wildhearts (la seule différence, c'est que sur ce coup-là, tu es à la ramasse !). Mais après avoir lu le livre jamais édité de ton ami Hugo (merci pour le pdf !) qui est très proche des deux frangins, il est fort probable que je reconsidère la question. Allez, mon anniversaire est en septembre, je te laisse m'offrir ton album préféré de Samiam et m'écrire sur un petit papier ton top 3 des skeuds du groupe américain. Ce qui est certain, c'est que la reprise de "Capsized" par Forest Pooky me procure bien plus d'émotion que l'original. C'est comme ça ! Pour en revenir à Cutlass Supreme, bon tuyau, bien solide, hyper résistant et assez fringant. Par contre, s'il te plaît, la prochaine fois, trouve-moi un tuyau qu'on peut trouver chez Casto car ça va être la croix et la bannière pour trouver une copie physique à ranger dans ma rockothèque. Ne parlons même pas du récent EP qui ne sera malheureusement pas édité, sauf si un ou deux foufous avec des micro-labels en carton se lançaient dans la production de ce disque. Sait-on jamais.

Pour ma part, j'ai l'impression de ne pas t'avoir vraiment contenté avec mon dernier tuyau. Clairement, je me doutais que le genre de matériel qu'est Kids Insane n'allait pas te rendre foufou, mais qu'importe, le prochain (c'est-à-dire celui-ci) va faire mouche, j'en suis sûr ! Et ce tuyau que tu vas homologuer en deux temps trois mouvements, c'est Knuckle Puck. Leur dernier EP, Disposable life, vient de sortir il y a quelques jours (4 février 2022) et c'est une pure coïncidence si je rédige ce papier un 14 février : mec, je suis amoureux de ce groupe ! Et si tu as pris le temps de lancer l'écoute de ce disque tout en démarrant la lecture de ce paragraphe, je suis certain qu'à la fin de cette phrase, tu seras déjà toi aussi conquis ! N'ai-je pas raison ? Tu te demandes bien comment j'ai pu tomber là-dessus alors que ce style de groupes n'est clairement pas catalogué dans mes favoris ? Grâce à la fameuse fonction "flow" de Deezer mon pote ! Et ouais, le lecteur analyse ce que tu écoutes et te propose des nouveautés qui pourraient te botter. Tu penses bien que quand Victoria me réclame Amel Bent, je passe sur le compte de ma chère et tendre épouse pour ne pas pourrir mes stats et me retrouver avec un titre de Maître Gims entre deux titres d'Urban Dance Squad ! Pour ce groupe que je suggère aujourd'hui, il n'est pas question d'une ramification quelconque avec un autre artiste (comme ça a pu être le cas avec New Pagans/Frank Turner, Lovebreakers/Sharp Shock et Kids Insane/Not On Tour). Non, cette fois-ci, c'est juste le hasard. Le putain de hasard ! Du coup, ça va m'être un peu compliqué de te raconter une belle histoire à propos du quintet américain qui joue dans un registre pop punk indie emo melo. Grosses guitares, basse batterie au poil, chants à la limite du supportable mais clairement adaptés au style et une prod de foufou !! Disposable life est costaud, inspiré... et peut-être un peu trop mainstream. Et alors ? Tant que c'est bon, on ne va bouder notre plaisir, n'est-ce pas ? Ce premier single, "Gasoline", est la perfection absolue. Ça bourre, ça papillonne et ça brise sauvagement les cœurs (c'est bon, tu as la ref ?). A peine remis du premier tube que tu en prends une deuxième rafale avec "Levitate". Le reste du disque est une succession de refrains "tape à l'oreille" et de mélodies imparables. Les gars ont un sacré talent pour composer des tubes. Je suis allé guetter ce que Knuckle Puck avait sorti avant cet EP, et je n'ai pas eu besoin d'aller chercher bien loin car le groupe a sorti un super album en 2020 (leur troisième) intitulé 20/20. Genre les gars se filent des bonnes notes en mode DIY ! Et tu sais le pire dans l'histoire ? C'est que cet album porte parfaitement son titre ! C'est quasiment parfait de bout en bout, et comme dirait mon collège Richard, le seul défaut de ce disque, c'est d'avoir trop de qualités. Toi aussi, viens te faire hypnotiser par ce band qui déboîte dans un registre cher à Blink-182 et The Story So Far ! J'ai poussé les investigations en allant écouter les deux premiers LP mais j'ai moins accroché. Très certainement parce que j'ai la tête dans le guidon avec les deux dernières prods qui, je me répète, sont énormes et tournent en boucle dans mon phone-tel, idéal pour t'ensoleiller l'esprit en pleine hiver sombre et humide. Et du coup, Knuckle Puck, ça te botte ?

knuckle puck - 20/20 Aaaaaaah ! Non seulement ça dépote et me botte mais là encore tu me prends au dépourvu mon très cher Gui. Qui eût cru que tu puisses kiffer ce genre d'emo indie punk chamallow ? Très honnêtement, pas moi. Fais gaffe, on est à deux doigts du coming-out si tu n'as pas besoin d'un Saxon derrière, pour te nettoyer les esgourdes. Moi je ne peux tromper personne et n'ai de toute façon nullement l'intention de le faire, ma toute première adresse mail c'était emoboy22@caramail donc niveau street punx cred, je ne partais pas gagnant, ahaha ! Loser un jour, loser toujours ! Tu as donc tapé dans le mille car à l'aune des années 2000, je n'écoutais quasi que ce genre de zik. Faut dire que le style était en plein essor avec les succès de Blink-182, American Pie et consorts. Ton Knuckle Puck me renvoie une vingtaine d'années en arrière, avec un paquet de trucs chez Victory Records (dont le boss avait l'air d'être un sacré douchebag si l'on en croit nos amis Burning Heads dans la bible Hey you!), Drive-Thru Records (et son cd sampler balancé par Jimmy Pop de Bloodhound Gang lors d'un concert à Marseille), Vagrant Records. Alors oui, contrairement à Cutlass Supreme, la sincérité ce n'est pas forcément ce qui prévaut le plus chez ces groupes. Ils flirtent très souvent avec les limites du bon goût, notamment dans les chants quelque peu (voire beaucoup) maniérés, comme tu l'as souligné, l'aspect assez lisse du bouzin et, ne nous voilons pas la face, cette limite est souvent franchie mais il n'y a pas de mal à se faire des petits plaisirs coupables de temps en temps. J'ai du reste replongé dedans la tête la première récemment, avec l'album Tickets to my downfall de Machine Gun Kelly, chroniqué dans le mag #45 et dans mon top 2 (rien que ça) de l'année 2020 mais même sans MGK, c'est régulièrement que ce style résonne dans mon appart. J'en ai écouté à gaver, sans jamais faire d'overdose et sans connaître Knuckle Puck, quand je les écoute, comme là en ce moment, en rédigeant ce papier, j'ai l'impression d'être en terrain plus que familier. Car oui, tu m'avais balancé ton tuyau en amont et me réclamais le mien, grand impatient que tu es mais pour cette rubrique, je préfère découvrir la musique en même temps que ce que tu m'écris. Ceci afin de garder une certaine spontanéité, fraîcheur, sans a priori aucun. J'essaie de t'imposer la même discipline mais en en manquant par ailleurs, étant souvent en retard / débordé / branleur / procrastinateur / ... (rayer les mentions inutiles) et devant ton empressement et soif de formation en plomberie, je finis souvent par lâcher le morceau. C'est en tout cas un modus operandi que je recommande fortement à nos amateurs/rices de tuyaux. Tu as toi-même reconnu que tu aurais vraisemblablement abordé Colleen Green différemment, si tu l'avais découverte par toi-même, sans ma prose. Bref. Quand j'ai lancé Disposable life, au-delà de la bonne surprise, de par les riffs, les voix, le tempo, j'ai direct pensé au groupe New Found Glory, tête de file des ersatz de Blink-182 et n'ai pu que constater l'efficacité de la doublette "Gasoline" - "Levitate". et de l'ensemble des titres en fait, jusqu'à mon préféré, "Here's your letter". Avant d'enchaîner avec l'album 20/20, j'ai voulu intercaler l'écoute de Grand bombardement tardif, dont un ami plombier bien attentionné avait eu la riche idée de m'envoyer un lien et, sans faire offense à mes pistol'Hérault, il y a quand même un gap énorme en termes de prod'. Comment ils tabassent sévère les ricains niveau son !! Ils ont aussi dû écouter à balle Jimmy Eat World car quand j'entends les premières secondes de "Earthquake", ça ressemble un peu trop à "The authority song" des susnommés. Les gars, on ne me l'a fait pas à moi ! Fort heureusement, s'ensuit "RSVP" qui défonce tout derrière, me faisant oublier leur plagiat hommage. Je ne leur mettrai certainement pas la note de 20/20 mais ils s'en tirent largement avec les compliments du jury... et toi par la même occasion. C'est le tuyau que je préfère et sur lequel je reviendrai pour sûr, après les indécrottables New Pagans. Là c'était scrabble mot compte triple jackpot extra-ball. et un peu mal joué tactiquement. Tu avais frappé beaucoup trop fort d'entrée de clé à molette mais j'ai confiance, je suis sûr que tu as de la ressource, tu viens d'ailleurs de me le prouver.

Samiam et Hot Water Music. je savais que les frangins Dalstein et le Manu avaient bon goût. Quant à toi, tu es sur la bonne voie, héhé... Mon top 3 des premiers ? Ah mon saligaud, tu me poses une colle là mais je n'ai jamais reculé devant l'adversité donc je dirais :
- Astray (2000) pour "Sunshine", "Dull" et les autres tubes
- Clumsy (1994) pour "Capsized", "No size that small" (deuxième morceau que j'ai appris à jouer (mal) à la basse après "Come as you are") et parce que c'est le premier album d'eux que j'ai entendu
- You're freaking me out (1997) pour "Factory", Full on" et les autres tubes.
En étant bien embêté de laisser Trips (2011) au pied du podium mais heureusement, le nouveau pour lequel j'ai beaucoup d'attentes n'est pas encore sorti, sinon j'aurais été encore plus dans le darmanin (synonyme de matière fécale, bientôt dans le dico). Compte sur moi pour te travailler au corps et te convertir définitivement à leur musique, qui me fait toujours hérisser les poils, 25 ans après, comme quand j'écoute "Capsized". Je te concède que la version de Forest est tout aussi touchante et prenante. Ça avait été un sacré choc émotionnel quand il m'en avait fait la surprise (je ne l'avais jamais entendu la jouer auparavant) lors d'une Circus Session live en 2010, qui se trouve sur YT.
Et bien, c'est à nouveau deux bons gros tuyaux de posés dans ce numéro dis donc ! Oui parce que je ne suis pas revenu dessus mais tu ne pouvais pas ne pas aimer Cutlass Supreme. C'était impossible. Tiens, je triche un peu, j'ai un temps hésité à le garder pour le #51 mais je prévois de changer de style donc c'est parti pour un tuyau bonus, cadeau. Je viens de tomber il y a quelques jours sur de la robinetterie en or massif. Un autre groupe ricain indie rock punk shoegaze tout ça, autoproclamés "best band since Oasis" (!!!), qui s'appelle Enumclaw et qui risque fort d'être the next cool thing. Y a une date à Paris le 18 mai mais je suis dég de chez dég, je serai normalement vers Deauville pour le boulot pendant une semaine. Je suis dans l'orga des Gymnasiades, une sorte de Jeux Olympiques scolaires (3500 gamins, 80 pays, 20 sports). Loser un jour, loser toujours, je te disais !

[fr] Circus Session live en 2010: youtube (38 hits)  External  ]

HuGui(Gui) les bons tuyaux / Chronique LP > Kids Insane / Colleen Green

Cher Guillaume Circus ! Quel plaisir de te retrouver à l'occasion de cette magnifique rubrique qu'est HuGui(Gui) les bons tuyaux. Ça peut paraître pompeux et complètement égocentrique, mais cette rubrique, elle déboîte ! Tu te rends compte, nos échanges sans filtre permettent à nos lecteurs de (re)découvrir des groupes qui nous marquent et de prendre non pas une mais deux gifles coup sur coup. On devrait être nominés au prix Nobel de la Paix tellement cette rubrique est apaisante. Comme je n'ai cessé de te le dire depuis quelques semaines, tu as encore visé juste avec Radkey qui m'a rendu tout chose. Quel sacré tuyau mon ami. Toujours est-il que notre joute écrite commune a été le dernier papier rendu pour boucler le dernier numéro du W-Fenec mag (dantesque, mais pas grâce à moi) et une fois n'est pas coutume, je te propose bien en amont de la publication du numéro 49 mon tuyau du moment. Un tuyau qui ne manquera pas, j'en suis sûr, d'obtenir l'homologation made in Circus. Par contre, je te préviens, on va rentrer un peu plus dans le dur pour ce coup-ci avec Kids Insane. Ça te parle ?

kids insane "Kids Insane is a hardcore band from Israel" (source : Discogs). Voilà, les présentations sont faites. Vite fait, bien fait. Comme leur musique. Fat, fast, Israël, ça te rappelle quelque chose ? Not On Tour bien sûr ! C'est par l'intermédiaire du quatuor mené par la chanteuse Sima que j'ai connu Kids Insane qui existe pourtant depuis 2010 et qui a trois albums et quelques formats courts à son actif. Pas sûr que les types soient venus jouer en France (contrairement à N.O.T. que tu as eu la chance de voir si mes souvenirs sont bons) mais peu importe. Kids Insane et Not On Tour ont partagé un split le printemps dernier, avec trois titres chacun pour environ 8 minutes de zik ! Et crise sanitaire oblige, la release party du split a fait l'objet d'une retransmission via Facebook Live d'une battle entre les deux groupes dans un local de répet ou un studio, un peu à la manière de Swad et des Pookies à la grande époque. C'était fun, si bien qu'à la fin du show, c'est bien Kids Insane qui m'avait le plus marqué (l'attrait de la nouveauté, sachant que j'ai usé des lives de Not On Tour sur le net. D'ailleurs, la captation de l'ami Bir du Wallabirzine lors d'un Xtrem Fest reste une de mes favorites). Comme tu commences à me connaître, je suis allé fouiner tout ça sur le net et je me suis aperçu qu'en plus de publier le split, Kids Insane venait de presser Whos's the enemy, un 7'' très certainement enregistré lors de la session des morceaux du split. Et là, j'ai pris une sacrée baffe. Kids Insane, c'est instinctif, surpuissant, rapide et sans fioriture. Le son est énorme (cette basse !) et le format titres courts (exercice qui peut se révéler casse gueule) colle parfaitement à la peau du quatuor, qui enchaîne mélodies rugueuses et refrains tape à l'oreille : clairement, ça te donne envie de danser version mosh pit. Les codes du punk hardcore sont respectés à la lettre, c'est clair, net et précis. Le groupe a reçu le soutien de Yotam Ben Horin (Useless ID, Chabad Religion) pour les arrangements et la production, et l'ensemble a été mixé et masterisé chez Jason Livermore au Blasting Room (Descendents...). Tu parles d'une équipe ! Pour la petite histoire (car sans petite histoire, la vie serait bien chiante), je me suis empressé de me connecter à en.talitimholim.com (le site du label israélien au logo improbable) pour commander fissa les disques. Mais le paiement en dollars et les frais de port exorbitants ont eu raison de moi et de ma passion dévorante de posséder les objets sur lesquels sont gravés la musique que j'aime. Mais comme je ne m'avoue jamais vaincu, j'ai quand même fait affaire chez Twintoe Records, un label basé à Berlin chez qui j'ai fait quelques jolies emplettes. Bien vu l'aveugle, hein ? Alors mon bon Circus, c'est peut-être un peu rugueux pour toi, mais je suis persuadé que tu vas te prendre au jeu et ça te changera un peu des Sheriff hein ? Du bon rock'n'roll pour ta bagnole mon pote (ou pour ton mauvais RER B). Bon tuyau non ?

Salut mon Gui de Champi. Je te renvoie la pareille, c'est un plaisir, comme toujours partagé, de te retrouver pour cette rubrique. Tu me vois d'autant plus ravi d'apprendre que tu es un nouveau fan de Radkey mais je n'en attendais pas moins de toi. Je commence à te connaître depuis le temps. Tiens, fun fact ou coïncidence marrante en bon français (va falloir se mettre au pas avec les élections putrides qui arrivent), alors même que j'avais bouclé mon papier bon tuyau pour le dernier mag (en retard pour changer), je feunais chez General Music Store, un disquaire / libraire d'occasion à Montpellier et v'là t-y pas que je tombe sur le premier LP de Radkey qui me manquait, compilation de leurs premiers EPs et singles, à 12€. Autant te dire que je ne l'ai pas laissé passer. Pas fou le gars ! Pas comme tes enfants israéliens.
Fou... enfants... Kids Insane... c'est bon, tu l'as ? Si j'avais pu voir le nom du groupe ici ou là - sûrement associé à Not On Tour, chouette band, chouette concert à l'Xtrem Fest 2019 et big up aux amis Bir et Junk (derrière la caméra) du Wallabirzine -, je n'avais jamais fait l'effort d'écouter. Je viens de m'envoyer les deux 7" dont tu parles. Ça trace direct dans le vif du sujet, sans fioriture aucune, en effet. C'est pas forcément un style qui me touche le punk hardcore. Ça ne me déplaît pas mais ne me procure pas de frissons ou d'émotions particulières or c'est ce qu'on attend de la musique, non ? Mais là je ne ressens rien, déso pas déso. J'ai essayé plusieurs fois pourtant, avec différents groupes, sommités du genre, susceptibles de me brancher, notamment via leur fibre mélodique et toute la clique Lifetime, Kid Dynamite (d'autres sales gosses), auxquels renvoie Kids Insane mais non. Après, les quelques titres que j'ai écoutés passent nickel mais je pense que cela est justement dû au format court. 5-10 minutes c'est ok, au-delà je vais décrocher. En remettant une deuxième fois les deux 7", je retrouve des influences The Bronx du premier album (mais sans le côté R'n'R), cela passe bien, le son du Blasting est cool mais je sais que je n'y reviendrai pas. Je connais néanmoins désormais un quatrième groupe de Tel-Aviv grâce à toi, après ceux que tu as cités et Carusella. Tu te rappelles ce duo heavy rock et leur tube "Star quality" ? Ça date de 2008 je crois et je vais lancer illico ce morceau que j'ai pas écouté depuis un bail. Mais patience, ce n'est pas encore mon tuyau.

colleen green Allez, à mon tour de m'aventurer hors des sentiers battus, de la comfort zone (zone de confort en bon français... remarque si Zemmour savait le nombre de mots qu'on utilise quotidiennement et qui viennent de l'arabe, il ferait un AVC direct) avec un groupe à des années-lumière, enfin 12130 kms... à Los Angeles. J'ai nommé Madame Colleen Green. J'annonce la couleur d'entrée (verte ? hihi), contrairement aux fois précédentes avec White Reaper et Radkey, je suis là bien moins sûr que tu accroches. Alors que moi je fonds pour sa power pop synthétique adulescente. L'album avec lequel je l'ai découverte à l'été 2015, au détour d'un groupe Messenger avec des potes toulousains, dans lequel on se partageait déjà nos bons plans, tuyaux (décidément, l'histoire de nos vies) et liens pour choper les mp3, s'appelle du reste I want to grow up et est à mes oreilles le meilleur. Le dernier, sorti cette année, est comme son titre, Cool. Elle était / est toujours affiliée à la scène garage californienne, Burger Records, Hardly Art et consorts, notamment une proximité avec Jeff The Brotherhood. Ça, perso, ça me parlait pas des masses mais en revanche, le fait qu'elle ait grandi en écoutant Blink-182, Descendents ou les Ramones, là je dis banco. Elle avait même bricolé une reprise de "M+M's" de Blink et y a deux ans, repris intégralement à sa sauce un peu lo-fi leur album Dude ranch. Bon, ma fanattitude m'a fait raquer quelques $$ sur bandcamp mais je concède que c'est pleinement dispensable, même quand on aime les deux. I want to grow up je l'ai par contre poncé en boucle. Je suis le parfait client de ce truc un peu bancal, minimaliste, mélancolique derrière la pochette kitsch, avec des morceaux très différents, Weezeresques comme "TV", "I want to grow up", "Things that are bad for me (pt. I & II)", le tube "Pay attention", le punk rock "Grind my teeth", le plus léger "Wild one", le lancinant "Deeper than love" ou le magique "Whatever I want", que j'avais mis dans une compil / mixtape pour une fille que je branchais. Ma tentative avait lamentablement échoué (bon, elle était en couple, j'avais pas mis toutes les chances de mon côté, ahaha) mais elle est un peu à l'image de ce que représente Colleen pour moi. Une artiste touchante, un peu maladroite, qui cache vainement sa timidité derrière ses lunettes noires, même en concert à l'intérieur et un côté nonchalant, j'men bats les ovaires... J'aurais bien convié mon pote Gautier (ex Fat Beavers) pour en parler mieux que moi (c'est son fan number one) mais il n'a pas la chance de porter notre beau prénom.
Tu me diras ce que tu en penses, hein. Moi, là je ne peux pas mettre le rock'n'roll des$heriff dans ma bagnole, quand bien même je suis près de Montpellier. D'une, personne n'a jugé opportun de m'envoyer un promo (et j'attends toujours le lien que tu m'avais promis), de deux, commençant l'année de manière positive, l'assurance maladie m'a demandé de m'isoler et pas sortir de chez moi. Bises. Enfin non, check. Enfin non, coucou de loin.

Mon Circus Covidé, on aura tout vu. J'espère que tu as pu te débarrasser de ce cette saloperie sans encombre. En tout cas, ce virus n'aura pas eu raison de ton (bon) goût même si je te trouve un peu chafouin avec l'attachée de presse des $heriff, oh toi le gars de Montpeul' Punk City ! Pour en finir avec Kids Insane, c'était pas gagné pour que ça te plaise, mais qui ne tente rien n'a rien, pas vrai ? Et Carusella, jamais entendu parler. Si si, promis. Je vais me pencher sur leur cas quand j'aurai réussi à décrocher de I want to grow up de Colleen Green. Car ouais, tu as (encore) raison, ce disque est top. Simple, efficace, emballé c'est pesé comme dirait l'autre ! La paire "Things that are bad for me (pt. I & II)" est redoutable et j'ai une nette préférence pour les morceaux pêchus comme "Grind my teeth", "Pay attention" ou "TV" par rapport aux titres plus lo-fi bricolés comme "Some people" ou "Whatever I want". Pour les titres punchy, j'ai tout de suite pensé à Veruca Salt : voix dans le même registre, guitares avec accords plaqués qui sortent dans Marshall Valvestate deux corps en mode "compresses sound" à la mode des 90's, et super attitude sonore. Ça me rappelle de bons souvenirs de ces mid nineties, quand j'achetais mes skeuds au Hall du Livre à Nancy, gigantesque librairie qui avait au sous-sol un rayon disques et qui était membre du réseau Starter : j'adorais choper les compilations du Fair, choper les mini mag du réseau, gavés de chroniques, et passer du temps sur les bornes d'écoute. Je claquais mes vacations de périscolaire dans les nouveautés quand les singles avaient encore pignon sur rue et que tu payais l'addition en francs. Retour à la réalité et à l'instant présent (difficile, car ce disque de la charmante Colleen sent bon les 90's). Je suis allé écouter Cool, son nouvel album, mais ça m'a moins botté. Un peu trop synthétique et un peu moins foufou que son prédécesseur que je vais m'empresser de commander avec l'aval de ma descendance, qui m'a réclamé l'album sur sa clé USB qu'elle branche sur son petit poste que lui a rapporté le Père Noël. Coincé entre Amel Bent et Chabad Religion, les transitions ne seront jamais évidentes mais que veux-tu mon ami, ainsi va la vie. Pour conclure avec ce sujet, je suis bien curieux de savoir ce que ça donne sur scène et j'espère qu'il me sera offert l'occasion d'aller applaudir l'artiste américaine et de lui dire tout le bien que je pense de son attachant troisième album. Je crois que tu as bien cerné mes goûts mon pote. Je suis assez ouvert, certes, mais quand tu me régales comme tu le fais depuis trois numéros avec cette rubrique, difficile de faire la fine bouche. Tu as encore rempli ta mission les écouvillons dans le nez. On se donne rendez-vous dans le numéro 50 pour de nouvelles aventures !

HuGui(Gui) les bons tuyaux / Chronique LP > Radkey / Lovebreakers

radkey Salut Gui de Champi ! Je me repenchais sur notre rubrique dans le précédent Mag et on ne va pas se mentir, ça faisait bien plaisir de la lire sur papier, tout comme les 166 autres pages évidemment. On a bien fait d'aller contre l'avis de certains récalcitrants et d'envoyer ça à l'impression. D'ailleurs il en reste encore quelques exemplaires pour les retardataires qui seraient passés à côté, avec toutes les infos sur le site du W-Fenec (en cherchant bien) pour se le procurer. J'dis ça, j'dis rien... Concernant nos précédents tuyaux, je suis content d'avoir tapé juste avec White Reaper mais j'étais assez confiant et ça ne m'étonne pas que MinMin connaissait et aimait beaucoup lui aussi. Tu m'as ensuite parlé de ton amour pour le rock britannique mais il m'a bercé également - si j'en crois mes parents, je me dandinais dans mon parc au refrain de "De Do Do Do De Da Da Da" de The Police - et continuellement accompagné depuis. J'adore Supergrass, surtout les deux premiers albums mais aussi Ash (je me rappelle avoir acheté Trailer à la Fnac en 1995) etc. et mes préférés dans le genre sont, je pense, les Écossais d'Idlewild. Sens de la mélodie hyper aiguisé, les disques sont remplis à ras bord de tubes, grosse énergie et je n'ai qu'un regret : ne les avoir jamais vus sur scène. J'ai des cousins qui y ont eu droit en première partie de Muse et a priori c'était une véritable tornade en concert. Et sinon encore merci pour le New Pagans et le joli LP qu'on s'est échangé quand tu es venu à la capitale début septembre, il tourne régulièrement sur ma platine.

Passons maintenant aux choses sérieuses, nos tuyaux pour ce Mag 48 car à l'instar de Super Mario et Luigi, nous sommes de bons plombiers et fins limiers et aimons partager et faire découvrir nos trouvailles aux autres. Je vais donc te parler de Radkey. Tu ne connais pas Radkey ? C'est un groupe, ils étaient number one. Bon, number one je sais pas, c'est tout le mal que je leur souhaite mais la classe américaine, ils l'ont. Ça tombe bien, ils viennent du Missouri. Ce sont donc trois vrais frères, comme les Hanson et pas comme les faux frangins new-yorkais (même s'ils sonnent davantage Ramones que MMMBop), fils de pasteur (je crois), qui ont démarré en 2010 et fait les choses dans l'ordre, en commençant par sortir plusieurs EPs, se faisant connaître par des clips assez sympas, puis un premier album en 2016. À l'époque je ne les connaissais pas encore, ce n'est que fin 2019 qu'un pote m'a parlé d'eux. Je sais pas comment il était tombé sur ce groupe car je n'avais encore jamais vu passer leur nom nulle part. Toujours est-il que je suis allé fouiner et checker les-dits clips ("Start freaking out", "Dark black makeup", "Glore"...) et ai aimé ce que j'ai trouvé. Du punk rock sans forcément trop d'originalité (est-ce encore possible ?) mais avec une voix qui parfois me faisait penser aux Misfits, des tempos différents mais un truc cohérent... et j'y décelais un certain talent, un truc prometteur. Et bim, voilà t'y pas qu'ils lançaient un Kickstarter pour leur LP à venir, No strange cats. Je ne te cache pas que généralement je suis pas très fan des financements participatifs. D'ordinaire je ne contribue pas, préférant acheter les albums directement sur les stands de merch, d'autant que c'est parfois un peu l'arnaque les offres. Il y avait déjà un ou deux extraits en ligne, ça sonnait bien, je savais que je ne verrais jamais ce disque en France et surtout on était en plein confinement. J'ai donc craqué. Y avait des idées débiles, donc très cools, genre avoir la photo de ton chat dans l'insert (50$) ou même carrément en pochette (100$) mais je me suis contenté d'une des 500 copies du disque jaune translucide à 25$ (coté plus du double sur Discogs à l'heure où j'écris). Il va sans dire que je regrette nullement cet achat, que ce soit avec les plus énervés "P.A.W." et "Spiders" qui ouvrent le disque ou le très efficace "Basement". Ils ont réitéré depuis avec Kickstarter pour leur album suivant, Green room (2021) et cékiki a encore lâché des sousous ? C'est bibi. Enfin Guigui. Un poil (de chat) moins bien mais cette fois j'ai vu une chronique dans New Noise. En préambule je disais que je leur souhaitais d'être number one et Dave Grohl semble du même avis car ils les a conviés sur plusieurs dates avec les Foo Fighters et le gars a plutôt bon goût. Il a déjà embarqué ton ami Frank Turner avec lui alors tu pourras pas me contredire. Voilà, j'espère t'avoir donné envie de t'intéresser à ce band et je suis bien curieux de savoir de qui tu vas me parler. À toute !

Salut mon Cher Circus ! Quel plaisir de te retrouver pour cette fabuleuse rubrique inaugurée dans le non moins fabuleux numéro 47 du W-Fenec Mag. Un sacré numéro qui, comme tu viens de le rappeler, a fait l'objet d'une impression papier, une première depuis la création du mag au début des 10's. Je l'ai lu, relu et rerelu, si bien qu'une fois encore, je suis un peu à l'arrache pour l'écriture de mes articles. Ou plutôt de mon (unique) article pour ce numéro 48. Cet échange de bons tuyaux semble apprécié par nos lecteurs, et même ma chère et tendre Victoria me parle assez souvent de cette rubrique (sans véritablement savoir ce qu'elle contient). La magie des enfants, en quelque sorte. Et ma descendance risque d'entendre parler de ton super tuyau certifié iso 666, car bien évidemment, tu as tapé dans le mille avec Radkey. Sans toi, encore une fois, je serais passé à côté d'un groupe parfaitement calibré pour ma rockothèque. Car moi non plus, figure-toi, je n'avais jamais entendu parler de cette pépite américaine. Et pourtant, à la première écoute de "Spiders", je ne te cache avoir été un peu surpris que ce chant un poil rugueux associé au punk à roulettes joué à toute vitesse soit ta came. Mais la surprise passée et les titres s'enchaînant, j'ai compris. Tout compris même. Radkey exécute avec classe et vitalité les hymnes power punk qui vont bien. Le refrain de "Junes" me file des frissons, le punk bubblegum de "Rock & roll homeschool" fait mouche à chaque écoute, et les raffinés "St. Elwood" et "Basement" m'ont complètement envouté. La grande classe ! Les types ont étudié avec rigueur et engouement le guide sobrement intitulé "comment enchaîner les tubes parfaits" et je pense que je vais me pencher sur l'intégralité de la discographie et lâcher quelques biftons pour me porter acquéreur de quelques galettes. Mais tu ne diras rien à Victoria hein, sinon, je vais encore avoir le droit au fait que j'ai plus de disques qu'elle n'a de jouets. Sérieux, Circus, je me demande comment tu fais pour me rendre accro à tes tuyaux. Je ne sais pas si ça te parle, mais l'écoute de No strange cats m'a quelque peu rappelé ce disque génial que Lolo Dirty Witch avait sorti de Kurt Baker en 2013. Brand new beat est un sacré skeud que j'ai réécouté dernièrement et je te conseille d'y jeter une oreille (ou de te replonger dans cet album car je suis persuadé que tu connais). En tout cas, encore merci pour ce tuyau loin d'être percé mais qui va bien rincer mes écoutilles.

lovebreakers De mon côté, j'espère être au niveau de cette super découverte, avec mon petit plaisir du moment et qui nous vient de Birmingham, Angleterre. Lovebreakers, tu connais ? Pour te situer un peu le sujet, on parle de quatre types qui balancent une power pop aux sensibilités punk rock, délicieusement acidulée et d'une qualité irréprochable. Voilà déjà que je m'emballe mais les types ont eu la bonne idée d'user des services de Dave Warsop, producteur anglais exilé aux USA qui a œuvré sur le dernier album de Bad Cop Bad Cop et qui est le guitariste chanteur de Suedehead et Sharp Shock. Le fameux Davey partage sur les réseaux les groupes qu'il enregistre et c'est comme ça qu'il y a presque deux ans, je suis tombé sur la pépite Lovebreakers. Le premier EP, Social hell, a tourné un bon moment dans mon téléphone et j'attendais le premier album avec impatience. Primary colours est sorti en juin dernier sur différents labels (dont Wiretap Records, le label américain qui a sorti le super Talk Host Show). L'album est vraiment top, avec de belles chansons à l'anglaise ("Set in gold", le tube "Family man", l'inoubliable "Worst gentlemen", le parfait "Primary colours") dans un style que ne renierait pas Not Scientists à ses débuts, mais j'ai vraiment un faible pour ce premier EP avec lequel j'ai découvert le groupe. Le chant pourrait te faire penser à Green Day et l'agrément des cuivres sur certains morceaux apporte une touche retro esthétique et touchante. La pandémie liée à la Covid a privé le groupe d'une belle tournée européenne en support de, excusez du peu, Social Distortion (elle aura tout de même lieu en 2022 et la date au Luxembourg est assez alléchante, même si ça va jouer vingt minutes, j'en suis sûr), et je suis persuadé que ce groupe va plaire au plus grand nombre. Si tu me demandes où trouver le disque en France, tu connais déjà la réponse, il va falloir taquiner le web et payer des frais de douane exorbitants pour commander outre-Manche les disques de ce super groupe. Ça ne m'empêchera pas de profiter des plate-formes pour écouter encore et encore Lovebreakers. Pour la petite anecdote, que j'avais racontée dans le numéro 42 du mag, j'ai assisté pendant le confinement à un livestream du guitariste en direct de sa cuisine et nous étions à peine cinquante à profiter de ses belles chansons en acoustique. Un trésor bien gardé mais qu'on a quand même envie de partager. Tu vois ce que je veux dire ? Et toi, tu en penses quoi ?

Il semblerait que j'ai fait mouche à nouveau avec Radkey. Mince, Victoria va finir par me détester ! Peut être que pour le prochain numéro, je prendrai plus de risques et choisirai un groupe qui me tient à cœur mais moins consensuel, moins proche de tes goûts... Je te rassure, il ne sera pas question de Cobra. Muahahahaaha (rire démoniaque).

C'est marrant que tu me parles de Kurt Baker. J'ai bien sûr cet album, que je ressors de temps à autre, notamment quand j'ai vu le band en concert il y a 2-3 ans mais je l'aurais davantage associé à Lovebreakers qu'à Radkey... Concernant ces Anglais, on n'est pas exactement sur le même calibre que New Pagans mais ça reste du bon tuyau. Ça va, je vais pas faire fonctionner la garantie. Quand tu me l'as suggéré, j'avais vaguement vu le nom passer, via Wiretap Records en effet (je m'engage à ce propos à interviewer Talk Show Host pour le prochain mag) mais sans faire l'effort d'aller écouter. Parce que j'ai confiance en toi et surtout parce que j'avais pas le choix pour cette rubrique, je suis allé sur leur bandcamp. Rien à rajouter à ce que tu as écrit et décrit précédemment. Je souscris, paraphe et signe en triple exemplaires. C'est de la bonne power pop, vitaminée et sucrée. J'aurais bien écouté ça cet été en allant à la plage. Du rock'n'roll dans ma bagnole comme disent Les Sheriff. "Set it gold" est un bon gros tube comme je les aime, "Horizons" et "Family man" aussi. T'as de la chance, les cuivres sont discrets. J'ai eu ma période ska/punk dans les 90's mais à part Rocket From The Crypt, j'en suis beaucoup moins friand actuellement. Tiens, je note que c'est un gars de Reel Big Fish qui souffle dans la trompette, j'ai un cd d'eux que j'ai pas du sortir de son boîtier depuis que j'ai emménagé à Paris en 2007... Je suis d'accord avec toi sur le fait que l'EP est plus inspiré et plus catchy. L'album s'écoute bien, sonne bien (Davey a fait du bon boulot) mais hormis les titres mentionnés, ça pêche un peu je trouve pour sortir du lot. Pour autant je suis certain que le set acoustique devait être bien sympa, s'ils passent par chez moi j'irais sûrement les voir et peut-être, soyons fous, que si le concert est cool, qu'il se dégage quelque chose sur scène, je me laisserais tenter par le disque. Mais vais-je remuer ciel et terre (et mon compte en banque) pour me le procurer ? La question elle est vite répondue, pas besoin d'attendre.

HuGui(Gui) les bons tuyaux / Chronique LP > New Pagans / White Reaper

Salut Guillaume Circus ! J'espère que tu vas bien pendant ce nouveau confinement. J'ai cru comprendre que tu pratiquais l'isolement dans le Sud, à l'abri de la pollution parisienne et des salles de concerts fermées. Ça t'évitera de croiser Jean-Michel Blanquer, c'est déjà ça de pris. En tout cas, je suis tout excité d'ouvrir cette nouvelle rubrique pour notre zine aux grandes oreilles. Et tu sais quoi ? Comme tout est basé sur le nom de ladite rubrique, on sera tous les deux, comme des grands. Rien ne nous empêchera d'inviter des amis, mais uniquement des Guillaume, hein ?

new pagans En attendant, je te refile mon premier tuyau. Et je peux te dire que celui-là, c'est au moins du tuyau de 666. Tu as déjà dû au moins lire son nom quelque part, car je te sais adepte des bonnes choses et que tu guettes régulièrement les sorties du label anglais Big Scary Monsters. Ce fameux tuyau s'appelle New Pagans. Ça en jette hein ? New Pagans est un quintet de Belfast mené par le duo à la scène comme à la ville, Lyndsey McDougall (envoûtante chanteuse)/Cahir O'Doherty (guitariste et compositeur du groupe). Oui, le Cahir O'Doherty de Jetplane Landing dont je savoure l'excellent album qu'est Once Like A Spark de 2003. Le type est "accessoirement" technicien guitare sur les tournées de Frank Turner. Bref, revenons à nos moutons. New Pagans vient de sortir son premier album The Seed, The Vessel, The Roots and All chez BSM et ça caresse le sublime. Pourtant, je ne suis pas un inconditionnel de l'indie noise rock, mais je suis tombé sous le charme de ce groupe depuis le premier confinement de 2020, au cours duquel j'ai assisté à un concert en ligne. Sans savoir pourquoi, j'ai été en quelque sorte envoûté par les mélodies et le côté mystique de la musique de New Pagans. C'est hyper frais, noisy comme il faut et mélodique à souhait. Je craque littéralement pour le morceau "Harbour" qui est juste parfait et qui résume à lui seul tout ce que je viens de te dire pour te convaincre. Pour la petite anecdote, j'ai voulu commander le disque sur le site du label, mais ce satané disque a été sold-out hyper vite. Du coup, j'ai profité des soldes de BSM pour empocher des disques de Nervus, Gender Roles et autres. Et figure-toi que trois jours après ma commande, il y a eu un réassort du New Pagans ! En tout cas, j'ai le sentiment que c'est encore un groupe qu'on n'est pas prêt de voir sur une scène française (à moins que le groupe soit tour support sur des dates européennes d'un band américain). Mais c'est pas grave ! J'irai faire une grande tape dans le dos de Cahir quand il aura terminé de remballer le backline de Frank Turner, pour lui dire tout le bien que je pense de son super band. Et toi t'en penses quoi ?

Salut Gui de Champi ! Ahahah, t'es bien renseigné. Ou peut-être que je fanfaronne un peu trop avec mes lectures à la plage sur les réseaux sociaux... Mais oui, je suis descendu au vert pour assurer la continuité pédagogique. Enfin, quand il n'y a pas, justement, de problèmes de tuyaux et d'attaques en réunion (non mixtes) des hackers russes sino-coréens islamogauchistes, dont le but est de mettre à mal le cours de SVT des 5èmeA de Trifouillis-Les-Oies... Bref, revenons à nos tuyaux.

Je suis content également d'inaugurer cette nouvelle rubrique et bien vu concernant BSM. Je suis ce label depuis une douzaine d'années, grâce à mon pote Matt qui piochait dedans pour nos émissions radio Joining The Circus (Secondsmile, Minus The Bear...). J'y ai aussi précommandé l'EP Kicker de The Get-Up Kids, pour leur excellent rereretour en 2018. Ouais, ils nous ont fait le coup plusieurs fois. En fin d'année, BSM avait aussi pour coutume de faire une opération Pay what you want (même 0 €) sur leur bandcamp, l'occasion de fouiner un peu plus dans leur catalogue très fourni et divers mais j'aime pas tout. J'avais bien vu passer ce disque de New Pagans dans mon fil d'actus mais pas pris le temps d'y donner suite. Je ne sais pas si c'est le nom du groupe, le titre de l'album, la pochette mais ça ne me donnait pas plus envie que ça d'écouter. Grossière erreur et merci pour le tuyau. Je comprends mieux en lisant ton pedigree du groupe pourquoi tu as jeté ton dévolu sur NP, connaissant ta fanattitude pour ce bon vieux Francis Turner. Je ne connaissais pas en revanche Jetplane Landing et les quelques vidéos glanées sur Youtube m'ont fait penser par moments à Far et ce genre de rock/metal, post-hardcore emo, pour faire bref. Mais revenons à ces nouveaux païen.nes. J'accroche d'emblée, dès le premier morceau "It's darker" à la voix de Lindsey et à l'instrumentation, qui imprime une certaine tension et je suis définitivement conquis dès le deuxième, "Bloody soil", mon préféré. Je te rejoins aussi sur "Harbour", excellent morceau, qui paraît tout mignon au premier abord mais gagne en intensité au fur et à mesure. La référence qui me vient direct à l'esprit c'est le groupe Pretty Girls Make Graves de début 2000. J'ai racheté tout récemment le cd The New Romance (2003) lors de ma première commande Discogs, avec le split 45t Sixpack / Elmerhassel (1995) et le dernier 45t (2020) du groupe punk Oi ! Syndrome 81, avec leurs reprises de Stephan Eicher et Nanard Lavilliers. Sur le post-it, Vincent Emergence avait écrit "Wow, du vieux, du neuf, de l'éclectique !". La ressemblance entre les deux groupes est encore plus flagrante sur le morceau "Yellow room" mais si j'ai un album à te conseiller des Pretty Girls c'est Good Health, sorti en 2002 sur Lookout ! Y'a un côté un peu foufou, At The Drive-In au niveau des guitares, avec alternance des chants féminin - masculin, hyper catchy, sans oublier d'être mélodiques. Ah et c'est marrant mais j'ai fait écouter New Pagans cette semaine à un ami, moins pointu que nous et pour la voix il m'a sorti Björk. Je pose ça là, t'en fais ce que tu veux. Bonne pioche en tout cas et quand tu iras mettre une tape dans le dos de Cahir, demande lui s'il a pompé sciemment le riff d'intro de "Paranoid" de Black Sabbath sur "I could die". NP, un groupe que j'aurais sûrement zappé et découvert un ou deux ans après, comme cela m'est arrivé avec White Reaper. Tu connais ces ricains ?

White reaper  - does it again C'est un pote qui a partagé leur clip "Judy French" sur Fb. J'ai cliqué par curiosité car il a plutôt bon goût, même s'il ne s'appelle pas Guillaume et bim, grosse taloche. Gros tube power pop, college rock mais avec des bonnes guitares et un spirit americana avec solo et compagnie. Ils viennent de Louisville dans le fin fond du Kentucky, ça explique peut-être cela. Un premier album White Reaper Does It Again (2015), plus énervé, garage et celui-ci qui s'intitule, sans prétention aucune, The World's Best American Band (2017). Rien que ça ! Les sales gosses sont en mode offensif mais force est de constater qu'ils ont raison. Toi qui aimes les rockers un peu grinçants, qui ont du caractère, je pense que ça peut te plaire. Dès l'ouverture de l'album avec le titre éponyme, on se croirait dans un stade et il y a un passage limite AC/DC sur la fin. Rien n'est à jeter de toutes façons et surtout pas l'autre tube "The stack", sur lequel il n'est pas rare que je m'adonne au plaisir solitaire du air guitar, voire air clavier car ils ont un mec au synthé depuis ce disque, qui s'intègre parfaitement. J'ai donc poncé cet album au max, regardant aussi toutes les sessions lives que je pouvais trouver (KEXP, SxSW) et j'attendais fébrilement le prochain. Comment ne pas être déçu après un tel chef d'œuvre ? Si You Deserve Love (2019) est plus classique et un poil moins bon que son prédécesseur, il n'en mérite pas moins encore tout mon amour. Et toi, t'en penses quoi de ce tuyau ?

Hé Guillaume, clairement, ce premier exercice place déjà la barre très haut. A première vue, White Reaper, ça ne me parlait pas. Je suis donc allé voir Jean-Claude, le conducteur de travaux de GRDF qui nous casse les oreilles depuis quelques semaines pour la rénovation des conduites de gaz du quartier. Tu penses bien qu'en matière de tuyaux, le gars, c'est son rayon. Par contre, il ne s'y connait qu'en métal. Normal tu me diras. Du coup, j'y suis allé à l'aveugle et je peux te dire que j'ai été ébloui par ce super band ! Bien évidemment, je ne peux pas être au fait de tous les groupes géniaux qui existent sur Terre, mais celui-là, j'aurais bien aimé qu'il n'échappe pas à mes radars. Mais comme je viens de le dire, à première vue, ça ne me parlait pas, car en fait, mon bon ami Benjamin m'avait déjà fait écouter The World's Best American Band il y a de cela quelques années, mais je n'avais pas dû être plus attentif que ça. Incompréhensible que ça n'ait pas fait tilt à l'époque. En tout cas, merci de m'avoir offert cette deuxième chance que j'ai pu saisir. Car pour le coup, je ne vais plus les lâcher, ceux-là. Et il me tarde de terminer ce papier pour aller commander sur Internet The World's. et You Deserve Love, son successeur. Car oui, j'adore. Alors comme ça, ce sont des Ricains ? Surprenant, car j'aurais bien mis une pièce sur une origine britannique. Surtout à l'écoute du génial You Deserve Love qui est peut-être moins stadium rock et moins pied au plancher que son prédécesseur, mais pour lequel j'ai une légère préférence. Basse qui tabasse, prod hyper fat, riffs astucieux, arrangements dignes des plus grands et puis cette voix qui me replonge au milieu des années 90 quand Supergrass était au sommet de son art. Car ouais mon gars, tu es un inconditionnel des groupes ricains de cette période, mais moi, c'est avec les groupes de l'autre côté de la Manche que j'ai fait mes classes. Tu connais ma passion pour Ginger et les Wildhearts, mais tu dois être moins au fait de mon amour pour des groupes à guitares et à mélodies que sont Baby Chaos, Gun, Stereophonics et Supergrass donc. Et clairement, You Deserve Love m'a fait voyager dans le temps ! "Headwing", ouvrant le disque, est le mix parfait entre du riffing à la AC/DC et des claviers qui trouvent parfaitement leur place. "Real Long Time" aurait pu être coécrit par Kiss et Queen. Et même quand les types vont trop loin et frisent le mauvais goût ("1F" ou le riff funky de "Might Be Right"), ils sont pardonnés tellement ça fonctionne graaaave ! (tout comme le dernier Biffy Clyro d'ailleurs). C'est hyper plaisant, ça enchaîne les tubes et ... j'arrête là, c'est pas bon pour mon cœur ! Tu auras compris, je suis amoureux de ce groupe ! Merci pour ce tuyau en tout cas, et on se retrouve dans le prochain numéro pour s'échanger notre prochain coup de cœur et en faire profiter par la même occasion nos lecteurs.